Les études sur l’esclavage ont connu de multiples renouveaux depuis l’après-guerre. Des débats sur la profitabilité de cette « institution particulière » aux approches anthropologiques et féministes, le champ de l’esclavage s’est aussi considérablement élargi géographiquement ; d’abord en direction de l’Afrique orientale et de l’océan Indien occidental au tournant du xxi^e siècle ; puis vers l’Asie orientale et centrale, et vers le Pacifique. Élargissant le champ des connaissances, ces renouveaux ont aussi, à chaque fois, remis sur le métier la question de l’identification et de la définition de l’esclavage, en particulier lorsque les pratiques observées divergeaient significativement de l’archétype historique sur lequel s’est construit le concept juridique. De redéfinitions en pluralisations, le concept est plus récemment devenu « global », suscitant en retour des réactions appelant à recontextualiser l’histoire de l’esclavage et à interroger la centralité épistémologique du concept dans l’étude des formes de servitude à travers le temps et l’espace. Cette séance du séminaire « concepts voyageurs » reviendra sur ces questions en faisant l’aller-retour entre le concept, les contextes de son élaboration et ses circulations en faisant dialoguer Dominique Rogers, maîtresse de conférence à l’université des Antilles et Claude Chevaleyre, chargé de recherche à l’Institut d’Asie orientale de Lyon.