Étudier la langue vietnamienne dans l’enseignement supérieur à Paris pendant les années 1990 : une réflexion méthodologique, le regard d’un ancien étudiant.

France-Vietnam : une histoire de l’anthropologie

A partir de nos cahiers de cours des sections de vietnamien de l’Inalco et de Paris 7 entre 1989 et 1998, nous tenterons, à l’instar d’un anthropologue s’appuyant sur ses carnets de notes, de retracer les contours d’une histoire culturelle en construction. Au cœur de cette démarche il s’agit, dans ce colloque sur les interactions culturelles et anthropologiques, de faire surgir d’une certaine invisibilité et d’un oubli probable les actrices et acteurs de l’enseignement du vietnamien à l’université en France pendant une période clé, celle des années 1990, une celle de l’avènement de la politique du Renouveau au Viêt-Nam. Parler des enseignant.es c’est aussi se pencher sur les programmes d’enseignement, la pédagogie, bref une anthropologie de la parole, s’intéresser à la didactique de l’apprentissage d’une langue tonale asiatique et de l’environnement direct de cet enseignement, étudiant.es, bibliothèques, librairies de proximité, interactions sociales… Notre réflexion tachera ainsi de structurer des éléments à première vue disparates autour et sur l’enseignement du vietnamien à une époque donnée, la décennie des années 1990, cruciale dans l’évolution du Viêt-Nam contemporain.

État des lieux de la recherche sur les droits asiatiques

Le droit, « invention » par excellence de la Rome antique, serait la marque singulière de la culture occidentale. En Europe et aux Etats-Unis, les études oriental(ist)es ont longtemps posé le droit comme critère ultime de modernité, divisant le monde entre un Occident réglé par le droit et un Orient sans droit ; ce dernier se serait ensuite modernisé par un processus d’occidentalisation, largement juriciste. Comme l’écrit Jean Escarra, « l’opposition traditionnellement établie entre l’Orient et l’Occident ne se rencontre nulle part plus nette que dans le domaine du droit. Les peuples dits de civilisation occidentale vivent tous, à des degrés variables, sur une conception gréco-romaine de la loi [qui fonctionne avec des tribunaux et un corps de « doctrine »]. Ces caractères s’effacent à mesure que l’on s’avance vers l’est. Aux extrémités de l’Asie, la Chine, dans le puissant faisceau de valeurs spirituelles et morales qu’elle a créé et qu’elle a longtemps projeté sur tant de nations voisines : Corée, Japon, Annam, Siam, Birmanie, n’a fait à la loi et au droit qu’une place inférieure ». (Le droit chinois, Sirey, 1936). Par conséquent, le droit en Asie ne serait ni essentiel ni « tout-à-fait du droit ». Cette opinion est-elle pertinente ? Quel est l’état de nos connaissances sur les droits asiatiques aujourd’hui ? A quels enjeux méthodologiques et épistémologiques devons-nous faire face dans notre démarche comparative ? Notre séminaire vise à répondre à ces questions et à revisiter nos catégories produites par la rencontre juridique entre « l’Orient et l’Occident ». 

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L’autre Viêt-Nam. Jalons pour l’histoire d’une révolution démocratique empêchée

Avant la victoire communiste de 1975, il a existé de multiples options alternatives à la réunification nationale et l’indépendance du pays. Cette communication permettra de poser quelques jalons provisoires sur les artisans d’une « praxis non-révolutionnaire » pour accéder à l’indépendance tout en menant un combat pour les valeurs démocratiques. A travers tout le XXe siècle, de la situation coloniale en passant par la révolution indépendantiste et la guerre civile jusqu’aux transformations politiques post-réunification, nous tenterons de comprendre pourquoi et comment le pluralisme politique n’a pu se maintenir et ce que cela implique pour les temps présents. De la revendication de réforme de l’état colonial à la contestation du parti unique par la dissidence actuelle une histoire des idées peut ainsi prendre forme et rappeler la complexité politique intrinsèque de ce pays.

La communication sera suivie d’une discussion.

Autour du roman graphique « Qin Opéra » (Patayo, 2021): dans la lignée des peintures sur rouleau chinoises

Il s’agira de présenter le format inhabituel de ce livre de Li Zhiwu et Men Xiaoyan et son style graphique adapté au contenu, tiré d’un roman de Jia Pingwa évoquant le déclin de l’opéra dans la province du Shaanxi. Nous tenterons de montrer la manière dont ce leporello de 20 mètres de long s’inscrit dans la tradition des rouleaux peints chinois.

Le livre chez l’éditeur
Li Zhiwu, Meng Xiaoyan.. « Qin opéra ». Traduction Marie Laureillard, Adaptation Marie Laureillard, Laurent Mélikian, Frédéric Fourreau, Patayo Edition : Nantes, 2022

Postfaces de Vincent Durand-Dastès, professeur de littérature chinoise prémoderne, de Laurent Mélikian, directeur de collection.

Intervenants :
Estelle BAUER & Vincent DURAND-DASTÈS

Atelier Master Anthropologie – Recherches sur l’Asie

Programme détaillé de la journée

9h00 : Accueil et mot d’introduction

9h30-10h30 : Alexandre Gobbo (M2)
Marchandiser et consommer la culture : entre État, marché et identité

10h30-11h30 : Tanguy Virin (M2)
Raconter le retrait et la solitude. Savoirs et pratiques psychiatriques dans des situations d’isolement social

11h30-12h30 : Lisa Tocquard (M2)
« Cosplay is not consent » : les Cosplayers, ces fans engagés

12h30-14h00 : Pause déjeuner

14h00-15h00 : Léonie Collin (M1)
La matérialité au Musée des Beaux-Arts.  Ouverture sur une pratique de reproduction muséale

15h00-16h00 : Léa Vitali-Guilbert (M1)
Les femmes dans le monde de l’art : entre engagement et émancipation

16h00-17h00 : Discussion collective
Écrire sa recherche

Chacun des contributeurs devra présenter ses recherches durant 20 minutes. Suivra une discussion collective de 35 minutes.

[ Programme en PDF]

Café Géo – L’Indonésie, carrefours et confins

Entre Pacifique et Océan Indien, entre Eurasie et Océanie, l’Indonésie constitue un vaste archipel dont la construction étatique a été nourrie par de nombreux apports issus de l’indianisation, de l’influence de l’islam, des diasporas qui s’y sont établies ainsi que de la colonisation néerlandaise qui en a dessiné les contours actuels. À cette situation de carrefour culturel prolifique s’ajoute un contexte géologique très dynamique, lui-aussi né d’une rencontre tectonique à l’origine du volcanisme de l’archipel et de son morcellement insulaire. Les nombreux aléas qui menacent l’Indonésie, en particulier les séismes et le volcanisme, n’ont pourtant pas empêché son peuplement et sont même devenus des éléments essentiels de la synthèse religieuse et culturelle qui demeure aujourd’hui l’une des caractéristiques les plus remarquables du pays. [plus d’informations]