Séminaire de l’IAO : Alice Berthon

Affiche Séminaire Alice Berthon

Alice Berthon, ATER à l’université de Grenoble-Alpes, Jeune chercheuse associée au Centre d’études japonaises (CEJ) de l’Inalco et au Centre de recherches sur le Japon (CRJ) de l’EHESS

Résumé : Le premier musée national d’ethnologie au Japon est fondé en 1974. Les sciences anthropologiques qui se développent dès la fin du 19e siècle ne sont pourtant pas insensibles à la production matérielle des cultures qu’elles étudient. Preuve en est notamment avec l’Attic museum, qui désigne à la fois la société d’étude fondée par Shibusawa Keizō (1896-1963) en 1921 et la collection d’objets conservée dans le grenier d’un débarras appartement à ce dernier. Partant de l’Attic museum, on s’intéressera au rapport entre sciences anthropologiques, culture matérielle et institution muséale au Japon pour remettre en perspective la naissance du Minpaku, et nous en profiterons pour revenir sur quelques enjeux contemporains liés à l’exposition de la culture japonaise dans ce musée.

Séminaire de l’IAO : Béatrice L’Haridon

Résumé : Kang Youwei 康有爲 (1858-1927), figure-clef de la « Réforme des cent jours » (wuxu bianfa 戊戌變法) qui visait à réformer rapidement le régime impérial chinois, rédigea après l’échec de cette réforme et l’exil une série de commentaires portant sur des textes classiques. Dans le cadre de cette communication, nous questionnerons le rapport entre commentaire traditionnel et modernité, en nous appuyant sur un texte relativement peu exploré, le Commentaire du chapitre « Evolution des rites » (Liyun zhu 禮運注), dans lequel Kang Youwei élabore certaines des notions, égalité, unité, liberté, au centre de la modernité qu’il appelle de ses vœux. Ces mêmes notions se retrouveront dans son fameux Livre de la Grande unité (Datong shu 大同書), utopie politique dont il refusa la publication de son vivant.

Séminaire de l’IAO : Charles Ramble

Résumé : Plusieurs publications de propagande chinoises des années 1960 contiennent des photographies de Tibétains joyeux autour de bûchers de documents juridiques et administratifs. Bien que ces documents aient été considérés comme des symboles de l’oppression sociale et économique pour les Chinois, ils offraient aussi une fenêtre sur la vie quotidienne et les difficultés des villageois ordinaires, des fenêtres qui ont été effectivement fermées à jamais par ces actes d’autodafé.

Plus récemment, l’immense valeur de ce genre de sources pour notre connaissance de l’histoire sociale des sociétés tibétaines a été démontrée par la découverte de collections d’archives dans les régions himalayennes voisines de la Région Autonome du Tibet. Ces collections, qui appartiennent à des temples, des maisons privées ou des communautés villageoises, montrent une grande variété de documents, tels que les testaments, les contrats, les affaires juridiques, et même des codes de droit local. Cette présentation vise à montrer que les obstacles à surmonter pour leur acquisition et leur déchiffrage sont abondamment récompensés pour le tableau fascinant que ces documents, datant du XVIIe et jusqu’au XIXe siècle, dressent de la vie des « gens sans histoire ».

Séminaire de l’IAO : Michael Lucken

Résumé : Les origines de la philosophie (Tetsugaku no kigen, 2012) de Karatani Kōjin n’est pas seulement une tentative de réévaluer l’héritage des présocratiques au détriment de la tradition platonicienne et aristotélicienne, c’est aussi une forme de défi aux études asiatiques. Qu’est-ce qu’un historien du Japon peut avoir à dire d’un ouvrage japonais sur la Grèce antique ? Et à l’inverse : de quels messages ce texte est-il porteur à destination du spécialiste de l’Asie ? Pour répondre à ces questions, j’essaierai dans un premier temps de montrer comment Les origines de la philosophie s’inscrit dans une histoire japonaise des études helléniques et du matérialisme marxien. J’examinerai ensuite comment les questions de la pluralité et de la praxis qui sont au cœur de cet ouvrage peuvent faire évoluer notre compréhension du travail de l’historien.

Séminaire de l’IAO : Juliette Genevaz

Résumé : La conférence expliquera l’importance qu’a prise la notion de sécurité nationale en République Populaire de Chine depuis 1989. Le parti communiste chinois a usé d’outils divers pour faire de ce thème une priorité de sa politique. Sous Jiang Zemin (1989-2002), le parti-Etat promulgua plusieurs lois à cet effet. Hu Jintao, qui lui succéda au secrétariat général du parti, redefinit les missions de l’Armée Populaire de Libération pour en faire un instrument de sa politique étrangère. Xi Jinping, finalement, a créé de nouvelles institutions pour centraliser la mise en œuvre des diverses politiques liées à la question de la sécurité nationale.

Séminaire de l’IAO : Johann Grémont

Résumé : Conséquence des traités de 1883 et 1884 qui placèrent le Tonkin sous protectorat français, l’affirmation de l’ordre colonial aux confins de l’Empire fut le fruit d’une entreprise diplomatico-militaire délicate et de longue haleine dans un environnement troublé. A partir de 1896, les officiers français basés dans un chapelet de postes, et épaulés par leurs partisans, luttent en collaboration avec leurs homologues situés du côté chinois contre toutes les formes de crimes se jouant de la frontière, du banditisme aux trafics en passant par les rébellions. L’analyse des mécanismes mis en œuvre pour contrôler la frontière permet de mettre en valeur l’équilibre fragile dans lequel s’inscrit l’exercice d’une police frontière où les troupes supplétives jouent au final un rôle de premier plan.

Séminaire de l’IAO : Rémy Madinier

Résumé : Parvenus tardivement au contact des Javanais, les jésuites ont réussi, en quelques décennies, à ancrer solidement la minorité catholique au cœur du paysage spirituel indonésien. Cette communication analysera les ressorts religieux, éducatifs et sociologiques de cette insertion réussie, unique à l’échelle du monde musulman. A travers l’histoire de leurs relations avec la communauté musulmane, elle s’attachera plus particulièrement au rôle des membres de la Compagnie de Jésus dans la genèse et l’évolution du compromis institutionnel original qui, aujourd’hui encore, organise la place des religions au sein de l’Etat indonésien.