28 novembre 2019

Journée d’études. Corps des dieux, gestes des hommes : Recherches préliminaires sur les faiseurs d’images bouddhiques en Asie

Le jeudi 28 novembre 2019 de 10h à 17h30, journée d'études organise par Claire Vidal dans le cadre du programme Impulsion de l'IDEX Université de Lyon et en collaboration avec le Centre d'Études Interdisciplinaires sur le Bouddhisme (CEIB).

En présence de : Alexandra de Mersan (INALCO / CASE ), Fabienne Jagou (EFEO / IAO), Mary Picone (EHESS / CCJ), Kunsang Namgyal Lama (membre associée au CEH), Christine Vial Kayser (ICP Paris / chercheure associée au CREOPS) et Claire Vidal (ULL2 / IAO).

Programme :

10h-10h30 – Accueil et mot introductif sur les visées du programme Impulsion

10h30-11h – De la multiplication des Mahamuni en Birmanie, Alexandra de Mersan (INALCO / CASE)
Mon propos portera sur la multiplication des statues de Mahamuni après la prise de la statue par les Birmans. Plus généralement, je m’interrogerai sur les motifs et les enjeux de cette multiplication ainsi que sur l’abondance de récits autour de la (des) statue(s) de Mahamuni.

11h-11h30 – Le village de Chongshan (Suzhou, Jiangsu). Spatialité de la création des bouddhas en Chine Claire Vidal (ULL2 / IAO)
Dans le district de Guangfu (Jiangsu, Chine), le village de Chongshan est un espace entièrement dédié à la production de statues d’êtres divins du panthéon bouddhique. Situé relativement à l’écart du tourisme et des politiques de patrimonialisation, il est un lieu de vie pour des familles de sculpteurs dont certaines sont multi-générationnelles et un lieu de travail pour des entrepreneurs venus y établir leur petite fabrique. Partant d’une enquête ethnographique exploratoire menée dans un atelier de sculpteurs, j’interrogerai les aspects sociologiques et économiques de la création des bouddhas et des bodhisattva à travers le prisme spatial, car si Chongshan apparaît à première vue comme un petit village isolé, il fait en réalité partie d’un réseau d’espaces de création qui s’inscrit dans l’histoire de la région de Suzhou réputée pour ses savoir-faire artisanaux anciens.

11h30-12h – Les corps bouddhiques momifiés à Taïwan, Fabienne Jagou (EFEO / IAO)
À Taïwan, une famille d’artisans participe à la préparation des corps bouddhiques préservés à la demande des fidèles afin qu’ils soient exposés. Cependant, l’environnement ou la mauvaise conservation appelle aussi à l’élaboration de nouvelles techniques relevant du métier de sculpteur afin de rendre le corps bouddhique visible, comme ce fut le cas pour le corps du Kanjurwa Qutuqtu (1914-1978). Quelles sont alors les techniques utilisées ? Quelles sont les implications de ces adaptations quant à l’exposition proprement dite de la momie et de sa valeur spirituelle ?

Buffet déjeunatoire (12h00-13h30)

13h30-14h – Images de Bouddha et nouvelles formes de reliques, Mary Picone (EHESS / CCJ)
Il est possible de dénombrer au Japon trois tentatives entre la fin du XIXe siècle et 1940 pour créer des sculptures de bouddhas contenant des cendres de fidèles ou composés presque entièrement de celles-ci ; la plus connue est la succession d’okotsubotoke (« Bouddhas d’os ») du temple Isshinji (Osaka) façonnée par une famille de sculpteurs d’images bouddhiques. À partir des années 1980, une quinzaine environ d’autres temples ont suivi cet exemple ; j’ai réalisé un terrain dans la région de Kansai et interrogé les prêtres. Ce nouveau type d’images soulève des questions concernant les relations locales entre les laïcs et le clergé dans le contexte de la crise du funéraire et reflète aussi la possibilité d’une réinterprétation contemporaine du concept de « relique ». Bien que les recherches historiques sur les reliques, notamment en Chine et au Tibet, se poursuivent, il n’existe aucune donnée sur ce thème à partir de l’époque d’Edo (à l’exception de quelques rares cas d’auto-momification). Une des questions que l’on peut se poser est la suivante : dans quelle mesure compacter les cendres pour qu’elles prennent la forme d’un Bouddha suffit-il aujourd’hui à donner aux restes d’un individu ordinaire le statut de relique ?

14h30-15h – La production d’images au bénéfice du défunt : les tsha tsha funéraires du monde tibétain, Kunsang Namgyal Lama (membre associée au CEH)
Dans le contexte du bouddhisme tibétain, l’une des dernières phases du rituel funéraire comprend fréquemment la fabrication d’images en argile, appelées tsha tsha, susceptibles de contenir les cendres de crémation et les os pulvérisés du défunt. Ces restes corporels considérés comme impurs doivent être nécessairement purifiés par un rituel spécifique, avant leur incorporation dans l’argile et leur moulage sous forme de stūpa ou de divinités. Leur fabrication, générant des mérites et divers bienfaits, est censée favoriser une bonne renaissance au défunt. À travers la présentation du rituel de fabrication prescrit dans les sources canoniques et par des auteurs tibétains, nous verrons que ces images bouddhiques qui doivent être consacrées au moyen d’une procédure relativement complexe, ont un statut différent selon qu’elles contiennent les restes d’un simple laïc ou ceux d’un maître religieux éminent.

15h-15h30 – Le vocabulaire de l’art contemporain au service d’un bouddhisme aniconique, Christine Vial Kayser (ICP Paris / chercheure associée au CREOPS)
De Qiu Zhijie à Huang Yong Ping, comment l’art contemporain magnifie ou déconstruit les images du bouddhisme Mahayana au service d’un bouddhisme aniconique et révèle la manipulation des images ?

Pause café (15h30-16h)

16h-16h30 – Brève présentation des travaux de : Marie Laureillard (ULL2 / IAO) et Ko Peiyi (doctorante UPN / LESC)

16h30-17h30 – Discussion finale

Programme en PDF

28 novembre 2019, 10h0017h30
Salle 4.24, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris.