Vous pouvez envoyer vos propositions de contribution (d’environ 400 mots) ainsi qu’une courte biographie avant le 1er juin 2020, aux trois organisateurs : Jacques Dürrenmatt (jacques.durrenmatt@paris-sorbonne.fr), Marie Laureillard (marie.laureillard@univ-lyon2.fr) et Norbert Danysz (norbert.danysz@ens-lyon.fr). Les réponses aux propositions seront envoyées le 30 juin 2020. Contributions en français ou en anglais.
Le colloque se tiendra du jeudi 19 novembre au soir au 21 novembre 2020 au soir à l’Université de Paris – Campus Paris Diderot.
L’approche principale de ce colloque met l’accent sur un espace géographique qui se caractérise par une certaine homogénéité culturelle et linguistique — la bande dessinée est en effet désignée par des termes voisins dans le manga japonais, le manhua chinois et le manhwa coréen. Cette unité, marquée notamment par l’usage tant en chinois qu’en japonais des idéogrammes 漫画, s’accompagne d’une cohésion narrative, dans la mesure où nombre de récits traditionnels transnationaux, tels que La Pérégrination vers l’Ouest, sont réadaptés et réappropriés de multiples fois par des auteurs ou autrices de ces différents pays. La recherche en bande dessinée européenne a déjà pu penser la BD au niveau continental, élargissant le traditionnel couple franco-belge aux productions suisses, voire italiennes, allemandes, ou autres. À l’heure où les études sur la bande dessinée chinoise et coréenne se multiplient, il devient aujourd’hui possible d’aborder la bande dessinée asiatique comme un objet complet, ainsi que l’a montré récemment Paul Gravett avec l’exposition Mangasia organisée à Nantes en 2018. Ce néologisme proposé comme titre de l’exposition consacre cependant la place dominante du Japon et du manga au détriment d’autres aspects de la bande dessinée est-asiatique. S’il est vrai que le Japon est à l’origine d’une certaine unification culturelle dans la première moitié du XXe siècle, d’autres traditions de littérature dessinée ont existé et existent toujours dans les mondes chinois ou coréens. Il ne s’agira donc pas d’étudier la bande dessinée asiatique à l’aune du manga, mais bien d’analyser les différentes formes de bande dessinée qui émergent et se transforment en Asie de l’Est depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Le colloque sera organisé autour de deux axes principaux, l’un historique, l’autre formel. Dans un premier temps, nous invitons les participants à revenir sur l’histoire du médium « bande dessinée » sur les différents territoires abordés lors du colloque (Japon, Corée, Chine, Taïwan, Hong Kong), en s’intéressant aux conditions de son émergence, à ses évolutions et aux possibles coups d’arrêt qu’il a pu connaître ; on pourra également retracer l’histoire de ce que l’on appelle parfois « proto-BD » en étudiant les productions graphiques qui précèdent et accompagnent la naissance du médium. Il sera particulièrement intéressant d’étudier les points de rencontre entre les différentes traditions nationales de bande dessinée et les possibles hybridations qu’ils occasionnent. Après avoir également traité des multiples classifications génériques (bande dessinée pour enfant, d’humour, de propagande, de science-fiction, de l’écriture de soi, d’aventure, d’horreur, érotique, fantastique, historique, etc.) et de leur évolution autant que de leur intrication, cet axe d’analyse sera en outre l’occasion d’explorer une socio-histoire de la bande dessinée en Asie de l’Est. Il s’agira alors d’étudier le vaste champ des acteurs et actrices de la bande dessinée (auteurs, dessinateurs, scénaristes, maisons d’éditions, librairies spécialisées, etc.) ainsi que celui du lectorat, qui peut certes se confondre avec le premier, mais qui permet aussi d’évaluer la popularité changeante du médium selon les époques ou selon les catégories de population concernées. Dans un second temps, les participants au colloque seront amenés à s’intéresser aux caractéristiques formelles de l’œuvre de bande dessinée et à son fonctionnement, notamment à travers sa dimension texte-image. La question de la forme étant très liée à celle du support, il faudra aussi examiner les matérialités plurielles du médium (presse, album, numérique, autres) ainsi que la potentielle patrimonialisation des œuvres, des planches ou des dessins, qui se trouvent exposés dans des musées et deviennent œuvres d’art à part entière. Cette ambiguïté intermédiale entre peinture et bande dessinée est également l’occasion d’aborder les rapports de la BD aux autres arts, avec lesquels ou contre lesquels elle se construit. L’analyse du médium « bande dessinée » en soi puis au sein de chaque champ médiatique national permet enfin de s’interroger sur sa place ou sur son rôle, et d’explorer, tout en reconnaissant le caractère fondamentalement hétérogène de l’univers médiatique, les possibilités de dynamiques transmédia, qui passent par le théâtre, le cinéma, le dessin animé, le jeu vidéo, ou encore la constitution d’une franchise. À travers ces deux axes, historique et formel, il sera ainsi possible d’étudier en profondeur la bande dessinée est-asiatique dans toutes ses qualités.
Nous ferons également un point sur la réception de la bande dessinée asiatique en France en évoquant les aspects traductologiques et éditoriaux. Des ateliers de création en présence de créateurs seront organisés.
Comité scientifique
Norbert Danysz (ENS Lyon, IAO)
Jacques Dürrenmatt (Sorbonne Université, STIH)
Marie Laureillard (Université de Lyon, IAO, CEEI)
Cécile Sakai (Université de Paris – Paris Diderot, CRCAO, CEEI)
Marianne Simon-Oikawa (Université de Tokyo, CEEI)
Avec le soutien du CEEI.