Arnaud Nanta : Les objets et enjeux de l’anthropologie japonaise entre 1880 et 1930

16 novembre 2022 par Admin IAO
17 novembre 2022 à 16h30, Amphithéâtre Jean Rouch, Musée de l'Homme, Paris

Arnaud Nanta intervient au Colloque international De quoi l'anthropologie est-elle le nom ? , au sujet « Les objets et enjeux de l’anthropologie japonaise entre 1880 et 1930 ».

Présentation et programme du colloque

La société d’anthropologie de Tōkyō, constituée en octobre 1884 autour de TSUBOI Shōgorō, permit d’abord de donner premier un cadre institutionnel à un débat qui avait débuté les années précédentes entre chercheurs japonais et occidentaux concernant la nature ethnique ou « raciale » des premiers habitants de l’archipel japonais. Mais cette société savante, instituée dans les murs de l’université impériale de Tōkyō (fondée en 1877), poursuivait surtout un questionnement ethnographique ancien, remontant à la fin du 18e siècle, à l’encontre des populations non-japonaises de la périphérie de l’archipel : notamment les Aïnous de l’île d’Ezo (Hokkaidō) où des comptoirs coloniaux avaient été établis dès le début du 17e siècle. La première « anthropologie » scientifique japonaise s’inscrivait ainsi, à la fin du 19e siècle, à la fois dans un dialogue universitaire déjà mondialisé ainsi que dans un effort d’institutionnalisation de discours administratifs anciens. Comme dans d’autres régions du monde, la discipline évolua au contact des populations colonisées – après 1895 à Taiwan, après 1905 en Corée, après 1914 en Micronésie – qui devinrent ses objets privilégiés comme autant de marqueurs d’altérité. Mais certains de ses acteurs tel TORII Ryūzō se tournèrent ensuite, durant l’entre-deux-guerres, vers les régions comparativement moins développées de la métropole, en quête cette fois-ci de « terroirs » jugés être des marqueurs de l’identité nationale. Dans cette présentation, on se propose de dresser un tableau des projets de cette anthropologie, projets qui apparurent dans une certaine évolution sémantique et dans ses terrains et « populations-objets ».