He Youzhi (1922-2016), ou l’âge d’or des bandes dessinées chinoises

22 février 2023 par Admin IAO
Conférence Eurasia

En raison de la mobilisation sociale en cours, la conférence de Marie Laureillard du jeudi 30/03 est annulée.

30 mars 2023, 18h – 20h
Gaïa 408, 86 rue Pasteur, 69007 Lyon

Également disponible en co-modal sur Teams.

Marie Laureillard, maîtresse de conférences de langue et civilisation chinoises à l’université Lumière-Lyon 2 et chercheure à l’Institut d’Asie Orientale de Lyon.

Résumé : He Youzhi (1922-2016), artiste autodidacte ayant vécu dans sa jeunesse en Chine républicaine, a pleinement profité de « l’âge d’or » de la bande dessinée chinoise de type lianhuanhua 连环画 dans les années 1950 après la prise du pouvoir par Mao. Réduit au silence pendant la Révolution culturelle, il reprend sa création tel un phénix à la fin des années 1970, dépeint le vieux Shanghai qu’il a connu avant 1949, réalise une bande dessinée autobiographique, etc. Dans les années 1980, il écrit un essai qui nous aide à comprendre son art de l’intérieur : se considérant comme un peintre d’un genre un peu particulier, proche de la littérature, il explique que la bande dessinée est un art qui a beaucoup à voir avec le théâtre et qu’elle est presque toujours (en Chine) l’adaptation d’une œuvre littéraire. Il nous parle de ses difficultés, de ses hésitations, de ses secrets et de ses astuces. Il nous explique les impératifs liés au caractère séquentiel de cet art et les ajouts au texte littéraire (gestes ou ustensiles particuliers, moyens de créer une atmosphère conforme à la psychologie des personnages, etc.) Il nous permet de pénétrer les arcanes de la mentalité chinoise de son époque (par exemple, un ancien bourgeois d’avant 1949 déguisé en paysan pauvre trahira son origine de classe dans ses gestes, etc.). Il souligne ce qui distingue le dessin à la chinoise du dessin occidental (importance du vide, positionnement des figures, etc.). Nous analyserons certaines de ses bandes dessinées en nous appuyant sur les écrits de théoriciens de la bande dessinée sans oublier le contexte socio-historique de leur apparition et de leur réception. Cet art devait, selon la devise officielle, refléter la vie, et donc être réaliste, excluant d’emblée certains sujets très courants au Japon, comme les fantômes, par exemple. Nous essaierons de montrer comment, malgré les contraintes et le poids de la censure (plus ou moins accentué au fil des années), He Youzhi a réussi à créer un art à résonance universelle. Nous montrerons aussi d’autres exemples plus récents de lianhuanhua en nous interrogeant sur les raisons du déclin de ce médium en Chine et sur la possibilité d’une renaissance.

 

Marie Laureillard est maîtresse de conférences de langue et civilisation chinoises à l’université Lumière-Lyon 2 et chercheur à l’Institut d’Asie Orientale de Lyon. Elle mène des recherches sur l’histoire de l’art moderne et l’esthétique de la Chine et de Taïwan, ainsi que sur la poésie de langue chinoise. Elle a traduit des poésies, des essais, des nouvelles et des romans, parmi lesquels Nuit obscure de Li Ang (2004) et La joie de Mo Yan (2015). Elle dirige une collection de poésie taïwanaise aux éditions Circé.

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