L’Asie à l’heure de la pandémie. Notes de synthèse Covidasia

13 July 2021 par Admin IAO
Le carnet de recherche Asie Orientale et coronavirus (Covidasia) propose à la communauté scientifique et son lectorat grand public des notes de synthèses et des focus sur l'évolution et le traitement de la pandémie en Asie de l'Est et du Sud-Est. Dans le cadre de son stage à l'Institut d'Asie Orientale, Pierre Manoury, masterant en ASIOC (Asie orientale contemporaine), inaugure la rubrique "Synthèses" à travers trois notices sur la Chine, le Japon et Taiwan, réalisée à partir de la documentation disponible sur notre carnet de recherche. D'autres chercheurs contribuent également à la connaissance de la gestion de la pandémie en Asie du sud-Est, notamment au Viêt Nam et en Indonésie. Cette rubrique s'enrichira de nouvelles synthèses pour suivre au plus près la gestion différenciées de la pandémie en Asie orientale.

Consulter les notes de synthèse sur le carnet Covidasia

Les présentes notes de synthèse portent sur l’évolution chronologique de la maladie de SARS-Cov-2 au sein de trois États asiatiques : la Chine, le Japon et Taiwan, ainsi que sur les mesures prises par les trois gouvernements. Ces notes ont été rédigées par Pierre Manoury, étudiant de l’École Normale Supérieure de Lyon, Master Asie Orientale Contemporaine, sous la supervision d’Arnaud Nanta (CNRS) et de Béatrice Jaluzot (IEP de Lyon). Elles ont pour objectif de proposer une vue synthétique de la situation et de son évolution dans les trois pays concernés à partir des sources gouvernementales et médiatiques. Il ne s’agit ni d’articles de recherche, ni de présenter le point de vue de l’Institut d’Asie Orientale (UMR 5062) à propos de la gestion du de l’épidémie de Covid-19 en Asie Orientale. L’exercice cherche à préciser quels sont les documents, parmi ceux proposés sur le blog CovidAsia, permettant d’apprécier les informations sur la crise sanitaire et leurs limites. Cette synthèse cherche enfin à articuler les différentes sources mobilisées afin de créer une cohérence entre elles et d’en dégager des angles de réflexion notables, sans pour autant se départir des orientations données initialement à la constitution du corpus.

Les documents fournis sont principalement des articles de presse, académiques et de think-tanks, des communications officielles ainsi que des témoignages et des représentations. Les articles de presse sélectionnés ne prennent pas en compte la vision des média d’autres pays, de même qu’ils ne représentent pas l’opinion publique de leur pays de façon exhaustive. Aussi, les articles signalés lors de la constitution du corpus mettent en exergue certains évènements, mais en excluent d’autres, conditionnant de fait la synthèse. La période couverte par les notes s’étend du mois de janvier 2020 au mois de mai 2021. Afin de faciliter la synthèse de ces documents, il convient par ailleurs de centrer la réflexion sur ces trois pays et de distinguer, dans chaque note, les opinions des média nationaux et celles des média étrangers. De même, les articles académiques choisis ne représentent qu’une partie de l’avancée des travaux scientifiques sur la période et n’acquièrent leur cohérence qu’articulés avec les autres documents.

L’intérêt de ces synthèses réside principalement dans la clarification de l’évolution des situations sanitaires dans trois pays d’Asie de l’Est et dans la perception qu’ont les média étrangers des gestions différenciées au sein de ces pays. Les événements décrits à travers ces notes éclairent le lecteur sur les modes de réaction des différents pouvoirs, les traitements médiatiques de la pandémie, ainsi que sur les changements apparus dans ces sociétés asiatiques.

Il convient d’abord de revenir sur les conséquences sociales et économiques de la pandémie ainsi que sur les méthodes de gestion au sein des trois États asiatiques étudiés. Taiwan et la Chine connaissent une croissance positive de leur produit intérieur brut tandis que le Japon subit une forte récession. De même, jusqu’au mois de mai 2021, ces trois pays maintiennent un volume de contaminations et de morts liés au Covid-19 relativement faibles en comparaison de certains autres pays. Toutefois, alors que Taiwan semble être épargnée avec peu d’infections et de décès, le Japon s’avère être celui des trois pays où la situation sanitaire – officiellement déclarée – est la plus dégradée. La Chine est quant à elle accusée de manquer de transparence et d’avoir largement sous-estimé, voire falsifié le nombre des contaminations et des décès sur son sol. Ces situations sont donc distinctes mais paraissent parfois semblables en certains points, comparativement à celles d’autres pays.

Les moyens déployés par les trois États afin de contenir la propagation du virus sont dissemblables par leur intensité et leur réception par les acteurs locaux et les média étrangers. Les confinements massifs et stricts, de même que les désinfections rigoureuses et systématiques et les nombreux tests effectués en Chine, permettent d’appuyer un discours mettant en exergue la fierté nationale, mais également de nourrir les critiques étrangères. Les autorités chinoises construisent des symboles et s’appuient sur les média nationaux en vue de donner du crédit à leurs actions ainsi qu’à leur discours officiel au niveau international. À l’inverse, les média étrangers et locaux érigent Taiwan comme illustration d’une gestion exemplaire de la pandémie. Notons que ce fut le cas également pour le Viêt Nam. Cette valorisation par l’étranger sert d’outil de promotion au niveau national et international à cet État qui a réussi à établir une relation de confiance avec sa population et à endiguer sur une longue période la propagation du virus. La problématique japonaise lie plutôt l’absence de moyens constitutionnels permettant d’imposer des mesures strictes à sa population, avec l’objectif constant pour les autorités de favoriser une relance de l’économie nationale, afin de ne pas pâtir trop lourdement de la crise provoquée par le virus.

Par ailleurs, même si les trois États semblent vouloir s’imposer au niveau international et devenir des acteurs incontournables dans le domaine des innovations médicales et technologiques, seule la Chine réussit à saisir l’opportunité offerte par le virus pour établir, par sa diplomatie des masques et des vaccins, une stratégie crédible et cohérente. Néanmoins, la médiatisation de la méthode chinoise est dénoncée par certains média étrangers pour son caractère ostentatoire et intéressé. Par conséquent, le traitement chinois de la gestion de la pandémie, exacerbe à la fois les amitiés, mais aussi les tensions existantes entre la Chine et les autres pays du monde.

Ainsi, ces notes de synthèses soulignant la gestion différenciée par ses trois pays importants de l’Asie orientale depuis le début de la pandémie s’avèrent précieuses pour comprendre ce moment d’une histoire devenue mondiale.

– La Chine à l’heure de la pandémie : note de synthèse 
– Le Japon à l’heure de la pandémie : note de synthèse 
– Taiwan à l’heure de la pandémie : note de synthèse