Séminaire de l’IAO. « Summary Execution and Legal Culture in Qing China »

Weiting Guo, chercheur postdoctoral au projet ERC « ENP-Chine » à l’Université d’Aix-Marseille

Résumé : Until the late eighteenth century, the Chinese capital case review system was one of the most stable criminal systems in the world. The highly developed codification and the multiple levels of judicial review had stunned several European observers. Yet, primarily since the height of the Qing Empire (1636–1912), China embarked on an ambitious program to sweep away criminals by heavily legalizing the practice of summary execution. Focusing on how summary execution was enforced, challenged and manipulated, this talk analyzes the dialectical process of legal formation of empire and the symbiotic relationship between empire building and judicial expediency.

Séminaire de l’IAO. « Manifeste pour reconsidérer l’histoire politique des triades »

Emmanuel Jourda, Chercheur-associé au CECMC de l’EHESS, étudie l’histoire politique contemporaine de la Chine.

Résumé : Dans le pourtour de la mer de Chine méridionale du 19ème siècle colonial, lesdites « triades » intriguent. Leurs cris de ralliement antimandchous et leur emprise sociale les classent indistinctement comme politiques et dangereuses, alors que la Chine s’enfonce dans des violences de masse au fil des décennies et que les empires occidentaux se renforcent. À la fin du siècle, les révolutionnaires chinois tentent d’en faire un levier d’action de leur activisme. À cette fin ils cherchent à inclure leurs légendes dans la construction de leur nationalisme antidynastique en gestation. Dans la période républicaine, lesdites « sociétés secrètes » font l’objet d’attention tant de la part des nationalistes, des communistes que des Japonais. Après 1949, Mao Zedong les élimine en RPC, notamment en raison de proximités supposées avec le KMT. Dans les années 1960-1970, la sinologie occidentale analyse leur imaginaire et leur histoire pour y déceler des traces populaires primitives de la révolution communiste. Dans les années 1980-1990, le PCC les démarche dans le cadre de la rétrocession de Hongkong. Depuis les années 2010 des activistes troubles, à Hongkong et Taiwan, s’opposent à des manifestations de voie publique contraires au Rêve chinois irrédentiste de Xi Jinping au nom de leur tradition nationaliste. Cette histoire longue, et en apparence fragmentée, trouve toutefois sa cohérence en faisant des triades un sujet d’étude politique revisité.

Séminaire de l’AO. « La justice japonaise au prisme de l’affaire Carlos Ghosn : anatomie d’une banqueroute judiciaire »

Eric Seizelet, Professeur émérite à l’Université de Paris Spécialiste de l’histoire du droit et des institutions politiques du Japon moderne et contemporain.

Résumé : L’arrestation de Carlos Ghosn à Tôkyô en novembre 2018 et son départ clandestin de l’archipel en décembre 2019 ont eu un retentissement médiatique considérable. Devenu le prévenu le plus célèbre de la planète, l’ancien président de l’Alliance Renault-Nissan n’a eu de cesse de dénoncer une « justice de l’otage », instrumentalisée par la direction de Nissan pour obtenir son éviction. Critiqué de toute part, le système judiciaire japonais s’est trouvé placé au banc des accusés. Face à cette offensive savamment orchestrée, les autorités japonaises ont accumulé les maladresses de communication. La justice japonaise ne méritait sans doute pas ces excès d’indignité aux relents parfois néo-colonialistes. Mais cette affaire a également mis en lumière la toute-puissance des Parquets et de réels problèmes dans la protection des droits des justiciables en matière pénale.

Séminaire de l’IAO. « Stérilisation et léproseries : la loi japonaise de protection eugénique (1948) »

Isabelle Konuma, professeure à l’INALCO (IFRAE), spécialiste de l’histoire du droit japonais

Les léproseries furent la scène des expériences de stérilisation collectives dès les années 1910, fournissant par là-même un modèle réel aux lois de stérilisation de 1940 (Kokumin yûseihô) et de 1948 (Yûsei hogohô). Si la politique d’isolement des lépreux fut l’objet d’un jugement historique (2001) suivi d’une loi d’indemnisation (2006) élargie aux patients coréens (Sorokdo Sanatorium) et taïwanais (Losheng Sanatorium) de la période coloniale, les stérilisations pratiquées dans les sanatoriums quant à elles ne firent pas encore l’objet d’un positionnement clair de la part de l’État japonais malgré les actions en justice menées depuis 2018. À travers les archives et les magazines de la léproserie de Tama Zenshôen (Tôkyô), nous tenterons d’analyser la synergie entre les corps médicaux et administratifs, alimentée par le positionnement des juristes vis-à-vis des causes eugénistes.

Séminaire de l’IAO. « Le peuple introuvable japonais dans la guerre totale : réflexions à partir du débat sur la politique chinoise en 1940 »

David Serfass, maître de conférences en histoire à l’Inalco et chercheur à l’Ifrae.

Résumé : La période de la guerre Asie-Pacifique (1937-1945) et de ses prémices a longtemps été appréhendée comme une parenthèse venant interrompre l’éclosion des bourgeons de la « démocratie de Taishō », avant que la tutelle américaine de l’après-guerre ne parachève ce processus en faisant adopter en 1946 une nouvelle constitution transférant la souveraineté de l’empereur au peuple (kokumin). À travers l’étude du débat parlementaire et médiatique au sujet de la politique du Japon en Chine, qui atteint son paroxysme en 1940, nous tenterons de repenser la guerre totale comme un moment paradoxal d’affirmation du principe de la souveraineté du peuple.

Séminaire de l’IAO. « Le traité nippo-coréen de 1965 : obstacle à la normalisation des relations nippo-coréennes ? »

Samuel Guex est Professeur associé à l’Université de Genève, spécialiste d’histoire coréenne et japonaise, et des relations Chine-Corée-Japon

Résumé : Les relations entre le Japon et la Corée du Sud sont au plus bas depuis plusieurs années. Les controverses autour des femmes de réconfort et, plus récemment, des victimes de travail forcé durant la colonisation, sont la cause de frictions diplomatiques dont les effets s’étendent désormais aux échanges culturels et économiques. Au cœur des dissensions se trouve le traité nippo-coréen de 1965, qui a permis la normalisation des relations entre les deux pays, mais qui fait l’objet d’interprétations divergentes. Alors que Tôkyô ne cesse de répéter que la question du dédommagement des victimes de la période coloniale a été réglée définitivement en 1965, Séoul considère, lui, que les dispositions du traité ne concernaient pas les demandes de dédommagement individuelles. Ces positions radicalement opposées semblent irréconciliables. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Tout en examinant les principaux points d’achoppement concernant le traité de 1965, nous montrerons que, par le passé, les positions officielles des gouvernements japonais et sud-coréens furent parfois bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui.

Séminaire de l’IAO. « Donner naissance au Viêt Nam : quelle est la place des femmes ? »

Myriam de Loenzien est socio-démographe et directrice de recherches au Ceped (université de Paris-IRD).

Résumé : Le Viêt Nam est marqué depuis quelques décennies par un recours croissant à la césarienne dans un contexte de forte médicalisation de l’accouchement.  Dans cette étape cruciale de leur vie, quelle est la place des femmes ? Pour répondre à cette question, nous explorerons les résultats d’enquêtes nationales et les données plus qualitatives d’une étude pluridisciplinaire en cours menée dans plusieurs hôpitaux au Nord, au Centre et au Sud du pays. Nous étudierons les enjeux de l’autonomisation des femmes en lien avec le choix du mode d’accouchement et évoquerons quelques dispositifs qui pourraient être mis en œuvre pour la promouvoir.

Séminaire de l’IAO. « Migrations et intermédiations migratoires entre les empires français et japonais en Asie-Pacifique, 1870-1954 »

Frédéric Roustan, historien, spécialiste du Japon, maître de conférence à l’Université Lumière Lyon 2, affilié à l’IAO.

Résumé : Entre la fin du Shogunat Tokugawa et le début de l’Ère Meiji, des Japonais recommencent à circuler hors de leur territoire, depuis Nagasaki vers Hong Kong et Shanghai, mettant à profit les réseaux marchands chinois qui n’avaient jamais cessé de relier le Japon au continent. Rapidement, la circulation et la migration des Japonais s’étend vers les territoires de la péninsule indochinoise. Evoluant en nature et en nombre, leur présence en Indochine se complexifie tout au long de la domination coloniale française, pour d’ailleurs y perdurer une fois les Français partis. Nous présenterons une tentative d’histoire connectée entre les territoires de l’Empire japonais et ceux de l’Indochine française à partir des trajectoires de vie des migrants japonais entre les années 1880 et 1950.

Séminaire de l’IAO. « L’islam en Asie du Sud-Est : réflexions géo-historiques »

Rémy Madinier, chercheur au CNRS (IAO), est historien de l’Indonésie contemporaine. Il a notamment publié : L’Indonésie, entre démocratie musulmane et Islam intégral (Karthala, 2012)

Résumé : Point de confluence des civilisations indienne et chinoise, terre de colonisation occidentale, l’Asie du Sud-Est est une région très ouverte aux influences extérieures dont la mondialisation à l’œuvre de nos jours n’est que le dernier avatar. L’objectif de cette conférence est de replacer l’histoire contemporaine de l’Islam en Asie du Sud-Est dans un contexte plus large : celui de l’insertion d’une religion à vocation universelle dans une aire de civilisation fortement marquée par des identités religieuses plurielles. Il s’agira donc d’une part d’explorer le poids politique, culturel et social pris par l’Islam dans les différents pays de la région mais également de réfléchir à la manière dont ces diverses communautés se situent dans les débats en cours qu’imposent désormais un monde globalisé.

Séminaire de l’IAO. « Japon-Chine, d’une bulle immobilière à l’autre ? »

Natacha Aveline, directrice de recherche au CNRS

Résumé : Au début des années 1990, le Japon a subi l’explosion d’une bulle immobilière de grande amplitude. Aujourd’hui, la Chine est à son tour en proie à une flambée d’une envergure sans précédent sur les marchés résidentiels. Survenus à vingt-cinq ans d’intervalle, ces deux mécanismes spéculatifs présentent plusieurs caractères communs, en premier lieu d’être issus de l’approche productiviste d’États « développeurs ». Cependant, la comparaison atteint vite ses limites face à la singularité du processus d’urbanisation en Chine et à la régulation multiforme de l’investissement immobilier par l’État-Parti. La notion de bulle doit donc être reconsidérée pour caractériser les dynamiques à l’oeuvre sur les marchés résidentiels chinois.