Fukushima, dix ans déjà

11 March 2021 par Admin IAO
Il y a 10 ans, jour pour jour, survenait le « La grande catastrophe sismique de l’Est du Japon » Higashi nihon daishinsai 東日本大震災. Ce vendredi 11 mars 2011, à 14h46, un séisme frappait au large de Fukushima, de la plus grande ampleur jamais enregistrée dans le pays. Les catastrophes déclenchées en chaines furent terrifiantes, d’une ampleur encore jamais connue. La vague soulevée atteint 40,5 m et 700 km/h par endroit, avec une portée à 10km dans les terres. Le tsunami emporta près de 16 000 personnes et laissa plus de 2500 disparus, plus de 6000 furent blessées et près de 230 000 habitants durent être déplacés. [Lire la suite]

Affiche du documentaire de HAMAGUCHI Ryūsuke et SAKAI KōIl y a 10 ans, jour pour jour, survenait le « La grande catastrophe sismique de l’Est du Japon » Higashi nihon daishinsai 東日本大震災. Ce vendredi 11 mars 2011, à 14h46, un séisme frappait au large de Fukushima, de la plus grande ampleur jamais enregistrée dans le pays. Les catastrophes déclenchées en chaines furent terrifiantes, d’une ampleur encore jamais connue. La vague soulevée atteint 40,5 m et 700 km/h par endroit, avec une portée à 10km dans les terres. Le tsunami emporta près de 16 000 personnes et laissa plus de 2500 disparus, plus de 6000 furent blessées et près de 230 000 habitants durent être déplacés.

Mais la dimension nouvelle et effroyable fut nucléaire. Une centrale qui alimentait en partie la ville de Tokyo, de construction déjà ancienne, subit une coupure de courant, les circuits de refroidissement endommagés laissèrent place au pire : les réacteurs entrèrent en fusion, provoquant la deuxième plus grande catastrophe nucléaire jamais subie dans le monde. Un nuage de débris couvrit la région, la mer était contaminée, les sols pollués, les récoltes empoisonnées.

La résistance légendaire du Japon fut une fois encore éprouvée et démontrée. Face à la panique, à la peur, la tristesse, le deuil, les menaces, les angoisses, les pertes, les chocs, les accusations, les conflits, la disparition de repères, la réactivation des traumatismes, les mobilisations populaires, les solidarités, le travail, l’abnégation conduisent aux évacuations, aux reconstruction des outils de production, aux évacuations, aux réparations, à la reprise de la vie quotidienne. Au point de faire redémarrer les centrales nucléaires du pays, qui avaient été un temps arrêtées.

Aujourd’hui, dix ans après, la panique s’est dissipée, et les angoisses sont mises de côté, mais rien n’est fini. La région de Fukushima et ses terres agricoles doivent encore être dépoluées, le casse-tête des réacteurs en fusion est toujours là, leur refroidissement créé des stocks d’eau contaminée qui ne cessent de croître. Les tonnes de débris radioactifs, les coûts d’entretiens des sites sont un problème majeur pour le gouvernement japonais. Celui-ci fait face à de nombreuses échéances, en particulier, celle de devoir évacuer le sol contaminé d’ici à 2045. La lourde tâche actuellement est confiée à un espoir du monde politique japonais : Koizumi Shinjirō, fils du premier ministre qui a relevé le Japon de la grande crise financière des années 1990. Le Japon est désormais tourné vers une consommation énergétique responsable, il est un soutien majeur des accords de Paris de 2015.

Nous nous joignons en pensée au deuil des milliers de Japonais affligés, aux souffrances des populations déplacées et aux espoirs que tous fondent dans une réponse démocratique apportée par une coopération internationale responsable en matière énergétique.

Béatrice Jaluzot
Merci à Elise Domenach et Arnaud Nanta pour leur relecture


Voir :

Asanuma-Brice, C(2020), Fukushima, 10 ans après. Sociologie d’un désastre, Maison des Sciences de l’Homme, 204 p. ;  http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOI=27351100129890&fa=description

Domenach, É. (2018). Catastrophe, silences et voix dans quelques films post-Fukushima : de l’aveuglement à l’éducation de notre regard. A contrario, 1(1), 69-93. https://doi.org/10.3917/aco.181.0069 De la même autrice, Le cinéma de Fukushima, Voix du cinéma japonais / Fukushima in Film. Voices from the Japanese Cinema, Tokyo Univ. Press, UTCP Booklet, 2015.

Sakai, Kō et Hamaguchi Rysuke, The Sound of the Waves (2011), Voices from the Waves (2013), Storytellers (2013), trilogie documentaire.

Ferrier, M. (2021), Dans l’oeil du désastre. Créer avec Fukushima, Ed. Thierry Marchaisse.

Photo « à la une » : Affiche du documentaire de Hamaguchi Ryūsuke et Sakai Kō