Séminaire de l’IAO : Florence Galmiche

Florence Galmiche, Exhumations des dépouilles de travailleurs forcés et engagements pour la paix entre Corée(s) et Japon

Florence Galmiche, maitresse de conférences à l’Université Paris Cité, membre de l’UMR « Chine, Corée, Japon » (CNRS, EHESS, UPCité), membre junior de l’IUF.

Résumé : Cette présentation s’intéresse aux pratiques contemporaines qui visent à honorer et apaiser les victimes du travail forcé imposé par le Japon colonial des années 1930 à 1945.  Elle est basée sur des enquêtes ethnographiques menées auprès d’une association coréano-japonaise qui exhume et rapatrie les dépouilles de travailleurs forcés (en particulier coréens) disséminées dans l’ancien empire colonial. Les activités de ces militants auto-désignés « grassrots », engagés pour la paix en Asie orientale, s’appuient sur la matérialité de ces morts – notamment la dimension saisissante des ossements – mais parfois aussi s’en affranchissent en les atteignant par d’autres mediums, notamment leurs noms et prénoms ou leurs tablettes ancestrales. À partir des activités de cette association, cette présentation examine les relations que ces militants établissent avec des morts qui leur sont en partie inconnus, ainsi que les projets à dimension politique et éthique qu’ils établissent à partir de ces relations. 

Séminaire de l’IAO : Simon Ebersolt

Simon Ebersolt, enseignant contractuel à l’Inalco, chercheur associé et co-responsable du Groupe d’étude de philosophie japonaise à l’IFRAE

Résumé : En réaction à l’individualisme universaliste de l’ère Taishô (1912-1926), selon lequel un individu isolé se connecte directement à un universel donné grâce à la culture de soi (kyôyôshugi 教養主義), des écrivains, intellectuels et philosophes ont tenté de redéfinir le commun dans un contexte de montée de courants politiques posant une collectivité sans individu ni universel, notamment le marxisme (la classe sociale) et le nationalisme (le peuple japonais). Les philosophes de l’école de Kyôto se sont notamment distingués par leurs tentatives de trouver une troisième voie articulant individu, nation et monde. Ces redéfinitions ont évolué selon le dialogue critique mené avec les pensées européennes ainsi que les contextes national et international, des appels à la « communauté est-asiatique » en temps de guerre au pacifisme d’après-guerre se réclamant de la nation démocratique.

Tomii, Motono, et Ume – Trois Étudiants Japonais à la Faculté de Droit de Lyon à la fin du 19ème siècle

Tomii, Motono, et Ume – Trois Étudiants Japonais à la Faculté de Droit de Lyon à la fin du 19ème siècle

Akihiko TSUJIMURA, chercheur invité à l’IAO et professeur associé à l’Université de Kobe Gakuin, est spécialiste de l’histoire du droit japonais, notamment la réception du droit européen au 19ème siècle.

Résumé : Après la Restauration de Meiji, le gouvernement japonais a tenté d’introduire le droit occidental, notamment français, afin de corriger les traités inégaux signés à la fin de l’ère d’Edo. Le ministère de la justice a invité des juristes français au Japon pour enseigner le droit français aux étudiants japonais et rédiger plusieurs codes. En outre, plus de dix jeunes japonais ont alors voyagé en France pour étudier de manière approfondie le droit et obtenir un diplôme. Parmi eux, trois étudiants – Tomii Masaakira, Motono Ichirō et Ume Kenjirō – sont successivement venus à Lyon dans les années 1870 et 80. Tomii et Ume ont obtenu un doctorat et après leur retour au Japon ils sont devenus professeurs à l’Université Imperiale de Tokyo avant d’avoir rédigé le Code Civil Japonais. Bien que Motono n’ait pas obtenu de doctorat, son nom s’est inscrit dans l’histoire du Japon en tant que célèbre diplomate. Dans ce séminaire, nous présenterons les circonstances historiques de leurs séjours à Lyon, les matières étudiées et la signification de leur séjour dans l’histoire du droit japonais.

Séminaire de l’IAO : Gauthier Mouton

Gauthier Mouton : La transition énergétique en Chine (1990-2020) : discours et géopolitique

Gauthier Mouton, ATER à SciencesPo Lyon, spécialiste de géopolitique et des politiques énergétiques en Chine

Résumé : Cette conférence examinera la transition énergétique chinoise comme un récit politique permettant de souligner les permanences et les discontinuités dans la manière dont les dirigeants du pays, de Jiang Zemin à Xi Jinping, se sont représentés les risques (géo)politiques associées aux stratégies d’indépendance et de diversification énergétiques.

On présentera pour cela la parole de certains acteurs sur les discours et pratiques des autorités chinoises en matière de transition énergétique, ainsi que leurs représentations des liens entre énergie, territoire, (géo)politique et (géo)économie. Ces discours peuvent être mis en perspectives avec les plans quinquennaux ou les documents législatifs de la RPC qui, depuis le début de la décennie 1990, servent de cadres de référence à la politique énergétique chinoise.

Petit-déj FAIR : atelier Import par lot dans NAKALA

Objectif : import par lot dans NAKALA via l’outil MyNakala (https://mynkl.huma-num.fr)

Mynkl est une interface en ligne facilitant les dépôts par lots dans Nakala. Nakala est un entrepôt de données de recherche pour les Sciences Humaines et Sociales, maintenu par l’Infrastructure de Recherche Huma-Num. L’utilisation de Nakala permet de s’inscrire dans une démarche FAIR (publier des données faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables.)

Avec Mynkl, il est possible d’importer en quelques clics les données à publier et leurs métadonnées obligatoires, stockées dans un simple fichier CSV. Mynkl propose également un environnement de gestion des données. On peut ainsi modifier facilement leur statut (public/privé), l’association à des collections ou encore ajouter/supprimer des métadonnées non obligatoires.

Voir la vidéo de démonstration
https://twitter.com/fatihaidmhand/status/1572956483872235520?s=20

Séminaire de l’IAO : Olivier Arifon

Olivier Arifon, professeur de communication politique à l’Université Catholique de Lille

Résumé : Pour développer leur influence, les États font la promotion d’une image, souvent autour d’artefacts culturels. Cette image s’articule autour d’un récit censé être attrayant et s’exerce en direction de différents publics. Or, au-delà de la proposition d’attractivité, la question de la réception est souvent occultée. Le discours de la République populaire de Chine argumente sur la supériorité économique (les nouvelles routes de la soie), culturelle (du panda aux Instituts Confucius) et sociale (messages destinés à des relais). La compétition politique pour l’influence culturelle est et restera un des axes des États. L’approche de la Chine, qualifiée « d’impériale », consiste à défendre son régime politique et fait face à celle du modèle libéral, ou les publics adhèrent à un idéal de société. Cette communication montre les ressorts et les contradictions possibles du modèle chinois dans l’arène globale.

Séminaire Viêt Nam

« Le Viêt Nam et ses archives : faits anciens et nouvelles histoires »

Gerard Sasges, Department of Southeast Asian Studies, National University of Singapore et Iméra, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université.
Discutant : Pierre-Emmanuel Bachelet (IAO, MCF ENS de Lyon)

Comment raconter de nouvelles histoires avec des faits anciens Dans cette présentation, je partagerai et discuterai quelques-unes de mes questions qui ont animé ma rédaction de deux monographies (Imperial Intoxication, 2017; Hydro/Power, à paraître), en revenant notamment sur un certain nombre d’aventures archivistiques qui en ont résulté. Je soutiens que poser différentes questions aux archives nous permet non seulement de raconter de nouvelles histoires sur le Viêt Nam, mais également de raconter nouvellement l’histoire du Viêt Nam et de relier de multiples domaines (social, politique, économique, environnemental) et échelles (local, national, mondial) de manière innovante.

« Vers une histoire circulatoire des religions : réflexions sur quelques pratiques translinguistiques et transculturelles au sud du Viêt Nam »

Jérémy Jammes, Professeur des Universités à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon (Sciences Po Lyon)
Discutant : Guilhem Cousin-Thorez (IrAsia, doctorant)

L’étude des religions au Viêt Nam, depuis la période coloniale à nos jours, révèle un dédale d’influences et de relations croisées. L’observation-participante et les entretiens contemporains doivent ici se conjuguer à l’exploration d’une documentation écrite qui a été trop souvent ignorée alors qu’elle fait écho aux multiples innovations, recompositions et réformes au sein du paysage religieux. Cette présentation reviendra sur une série de rencontres et de ruptures épistémiques vécues, depuis plus de vingt ans, dans mon exploration des pratiques translinguistiques et transculturelles religieuses au Viêt Nam et en Asie du Sud-Est. Un regard sera particulièrement porté sur des sources archivistiques qui ont jalonné mes questionnements et mes efforts de problématisation d’une histoire circulatoire, en dessinant quelques pistes de recherche futures, personnelles et collectives.

Séminaire de l’IAO : Olga Dror

Olga Dror : La construction du culte de la personnalité de Ho Chi Minh : singularités et convergences

Olga Dror,  professeure d’histoire à la Texas A&M University (USA) et fellow au Collegium de Lyon (2022-2023)

Résumé : Ho Chi Minh fut le premier président de la République démocratique du Viêt Nam. Il dirigea son pays durant la guerre contre la France, puis contre les États-Unis et la République du Viêt Nam, au sud. Il fut également l’un des leaders mondiaux les plus énigmatiques, qui fut très actif dans la construction de son propre culte de la personnalité. Olga Dror examinera l’histoire de sa sacralisation, les vecteurs et les à-coups utilisés dans le processus de construction du culte de Ho Chi Minh, ses mutations, et le rôle que ce culte occupa au sein des affaires intérieures et dans les relations internationales du Viêt Nam. Enfin, le culte de Ho Chi Minh sera mis en perspective vis-à-vis des autres cultes de dirigeants mondiaux à la même époque.

Séminaire de l’IAO : Xénia de Heering

Xénia de Heering : Joies et peines de l’enfant Naktsang : témoignage historique et best-seller tibétain dans la Chine des années 2000

Xénia de Heering, ingénieure de recherche (IAO/ANR Natinasia), spécialiste du Tibet contemporain

Résumé : En 2007 paraissait à Xining un ouvrage tibétain hors du commun, Joies et peines de l’enfant Naktsang (Nags tshang zhi lu’i skyid sdug). Témoignage sans précédent sur les années 1950 dans la région tibétaine de l’Amdo, et notamment sur le « renversement d’époque » de l’année 1958, ce récit d’enfance autobiographique est rapidement devenu un best-seller du marché littéraire tibétophone régional, en dépit de son caractère politiquement sensible. Revenant sur les processus de diffusion commerciale et non commerciale de l’ouvrage au Tibet, la communication abordera aussi certaines des manières dont ce témoignage a permis à des lecteurs différemment situés dans l’espace social de connecter leurs manières d’imaginer un passé commun.