Le concept d’Etat à travers les civilisations

Colloque international "Le concept d'Etat à travers les civilisations"

Encore l’État ! Tout n’a-t-il pas déjà été dit et redit ? Le sujet n’est-il pas scientifiquement saturé ? Si ce premier mouvement de réticence est parfaitement légitime, il y a tout lieu de penser néanmoins que le retour sur une notion aussi fondamentale – et fondatrice – présente un intérêt toujours actuel. En quoi, par exemple, l’ »État islamique » – ou ce qu’il en reste aujourd’hui – peut-il revendiquer le titre d’État, si de titre il convient de parler ? La Chine de Xi Jinping ou la Russie de Vladimir Poutine se vivent-elles véritablement comme des États et quel sens donne-t-on au mot État en posant cette question ? Que faut-il entendre par État « faible » ou « failli », sinon l’implicite normatif d’un regard occidental sur une réalité qui mériterait d’être saisie pour elle-même ? Dans un autre ordre d’idées : de quel État parle-t-on quand on diagnostique aujourd’hui un retour de l’État à l’heure de la planification écologique, du protectionnisme économique, de la lutte contre les pandémies ou de la montée des populismes ?

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Écrire en commun(s). Arts, écologies, radicalités

colloque « ÉCRIRE EN COMMUN(S). ARTS, ÉCOLOGIES, RADICALITÉS »

 Ce colloque s’inscrit dans la poursuite des activités du collectif Arts, écologies, transitions, initié en 2017, et entend à la fois faire le bilan de ses activités de recherche (sortie conjointe de notre abécédaire en version française et anglaise) et s’ouvrir à de nouvelles approches et aires culturelles.

Dans le domaine de la création, la notion de radicalité (empruntée au latin radicalis : qui tient à la racine, premier, fondamental) convie des pratiques de recherche et expérimentales ayant souvent contribué à élargir le concept d’art lui-même. Le contenu généralement attribué à l’art radical concerne aussi la notion d’engagement et d’implication politiques manifestes contre les pouvoirs, les intérêts économiques dominants ou les pratiques artistiques institutionnelles.

La notion de radicalité est à distinguer d’emblée de l’extrémisme des dominants qui s’exprime quant à lui par des pratiques littéralement écoterroristes ayant pour but une «an-esthésie» généralisée et programmée : appropriation et destruction des communs, aggravation des divers modes d’exploitation sociale, genrée ou spéciste, logiques extractivistes, etc. Les artistes et écrivain.e.s leur opposent, avec leurs œuvres, de nouveaux modes de sentir et d’être ensemble, des solutions concrètes et des alternatives globales de relation au monde non polluées par ce cynisme radical. Ainsi, création et imagination s’entremêlent avec engagements et activismes, faisant naître des militantismes esthétiques et des artivismes pendant que l’attribut de radicalité se déplace d’un pôle à un autre de l’échiquier social et politique.

​Dans le même temps, vocabulaires et récits liés aux questions environnementales évoluent, en relation avec l’actualité, ces formes de radicalités venant percuter l’ensemble de nos modes d’expressions. Jamais il n’a été aussi crucial de construire des références communes pour penser la façon dont ces transformations environnementales, sociales, politiques affectent le champ de la création.

​La notion de radical recouvre différents champs qui concernent aussi bien la biologie, le politique, la linguistique que les techniques. Elle ouvre la recherche et la création en arts à des approches pluridisciplinaires qui interrogent aussi bien le nouveau négationnisme climatique que les expériences radicales de la nature et qui questionnent de façon inédite nos relations aux technologies.

Atelier – Concepts voyageurs et approches aréales : le musée

L’échange abordera trois grands axes :

Les musées anciens dans le présent

Quelles sont les racines de la pratique muséale ? S’agit-il systématiquement d’une influence étrangère ? Quel modèle de musée a-t-il été développé après l’indépendance des pays ? Que sont devenues les anciennes institutions muséales aujourd’hui ?

Le concept de musée

Quels sont les termes qu’on emploie pour traduire le mot de « musée » ? Que met-on dans un musée ? Dans quel but ? Quelles formes prend le développement des musées au XXIe siècle ? Comment les musées sont-ils organisés entre eux ?

Les formes de la coopération internationale en muséologie aujourd’hui

Quels sont les champs d’action de la collaboration internationale ? Qui intervient en tant qu’expert ? Dans quels cadres ? Comment se justifient ces expertises ?

Références :

Abbe Gabrielle, « Donner à voir les arts khmers. La Direction des arts cambodgiens, organisme de propagande des arts khmers, 1920-1945 », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin n°34, 2011, p. 55 à 65.

Gady Éric, « Le Musée des Antiquités du Caire : un lieu de mémoire pour les Égyptiens ou pour les Occidentaux ? », Outre-Mers. Revue d’histoire n°350-351, 2006, p. 81-90.

Nanta Arnaud, « L’organisation de l’archéologie antique en Corée coloniale (1902-1940) : du terrain aux musées coloniaux », Ebisu n°52, Patrimonialisation et identités en Asie orientale, 2015, p. 117-154. 

Kahl Jochem, Kilian Andrea, (eds.) Asyut – The Capital That Never Was, Harrassowitz Verlag, 2022. 

Le Japon et le Dai Viêt au 17ème siècle : des partenaires privilégiés?

Bateaux-pigeons et quartiers japonais

A partir du milieu du 16ème siècle, les Japonais se voient interdits de commercer directement avec la Chine en raison des déprédations causées par les pirates sino-japonais. A la recherche d’une alternative pour accéder au marché chinois, ils se tournent donc vers l’Asie du Sud-Est, et en particulier vers le Dai Viet, qui possède plusieurs avantages comparatifs : une perception similaire des pratiques commerciales et diplomatiques, une langue commune (le chinois écrit) et une production locale de soie. Cette connexion fait de la seigneurie des Nguyễn, au centre du Vietnam actuel, l’un des principaux partenaires du Japon au 17ème siècle, y compris après que le shogunat interdit aux Japonais de quitter le pays en 1635.

Dans le sillage d’une historiographie conjuguant approche globale et microhistoire, Pierre-Emmanuel Bachelet s’attèle à restituer la vitalité de ces échanges et des communautés établies au Đại Việt, en particulier dans le quartier japonais (Nihonmachi) de Hội An. Il montre en particulier que les Japonais y ont été des intermédiaires de premier plan dans les relations entre Vietnamiens et Européens.

« Naissance et affirmation du Japon moderne, 1392-1709 »

Table ronde et débat autour de l'ouvrage Naissance et affirmation du Japon moderne, 1392-1709, en présence de Nathalie Kouamé

Le 24 mai 2024, l’Institut d’Asie Orientale reçoit Nathalie Kouamé, professeure d’histoire moderne à l’université Paris Cité, à l’occasion d’une table ronde consacrée à la publication de son livre Naissance et affirmation du Japon moderne, 1392-1709 (coll. « Nouvelle Clio », PUF, 2024). Cet ouvrage offre une synthèse de l’histoire du Japon moderne, en insistant plus particulièrement sur les aspects politiques, religieux et les relations internationales. Il propose de définir l’entrée du Japon dans la modernité à travers une chronologie originale, qui part des racines profondes de ce phénomène jusqu’à son apogée, placé au tournant du XVIIIe siècle. Conformément à l’ambition de la collection « Nouvelle Clio », l’ouvrage comporte également une introduction détaillée aux sources et à l’historiographie de la période, qui constitue un outil inédit et d’une grande valeur, dans la mesure où il rend compte des publications de référence comme des apports les plus récents, aussi bien en langue japonaise qu’en langues occidentales.

Japanese Migrations in Tonkin between the 1880s and the 1920s

Around 1880, a first generation of Japanese migrants settled in Tonkin, when the French colonial presence was expanding there, creating a specific and lasting link between the region of origin of migrants, Kyûshû in Japan, and Tonkin area, until the 1930s.

This migratory movement, which falls into the historiographical category of karayuki san, has at its economic heart the prostitution of young women from poor Japanese peasant families brought from Kyûshû Island by various means. From the end of the nineteen century, bazaar activities run by Japanese men were developing in connection with the economy of prostitution. The situation lasted until early 1920s, after the action led by the Japanese consul to remove
traces of Japanese prostitution. Despite this evolution and the arrival of new actors from other areas and working for large Japanese companies, the Japanese community in Tonkin remains structured around historical migrants from Nagasaki surroundings.

In this presentation we will briefly introduce this first generation of Japanese migrants in Tonkin, trying to make  apparent both the local establishment in colonial society, but also the continuity of relations and exchanges with Japan. Then, we will address the question of the migratory logics of Karayuki, men and women, linked to a complex set of interpersonal relationships, shedding light on certain aspects of the system of social relations in which women’s
migration took place. We will end up discuss the similarities and differences with the situation in Singapore.

Frédéric Roustan is Associate Professor in Contemporary Asian History at the University of Lyon 2, France, attached to the Institut d’Asie Orientale research center. After his doctoral studies at Osaka University, he did several post-doctoral positions in Japan, including at the University of Tokyo and Hitotsubashi. After 10 years of studying and working in Japan, he returned to France where he taught Japanese at Aix-Marseille University before joining the history department of the University of Lyon. He currently works on the historical relations between Japan and Vietnam, particularly issues relating to the migration of Japanese to French Indochina.

Programme du workshop

Cycle de débats du CECMC

L’étreinte de la patrie Décolonisation et violence à Taiwan, 1947 Victor Louzon« En 1947, un bref soulèvement, « l’Incident du 28 février », agita Taiwan contre le pouvoir chinois du Guomindang après que la Chine eut récupéré l’île en 1945, mettant fin à cinquante ans de colonisation japonaise. Rapidement et très brutalement réprimé, il est aujourd’hui au cœur des luttes mémorielles qui agitent Taiwan, avec pour enjeu la légitimité de la souveraineté chinoise sur l’île et l’identité de cette dernière.

Ce livre traite des émeutes populaires antigouvernementales qui se sont produites à Taiwan, entre février et mars 1947, peu après la rétrocession de cette ancienne colonie japonaise à la république de Chine. Après des années de silence, l’incident du 28 février refait enfin surface dans la mémoire collective : depuis les années 1990, l’épisode a fait l’objet de vastes enquêtes politiques ou judiciaires et de nombreuses études historiques.

À partir de ces informations et ces réflexions, l’auteur revisite la mémoire de cet événement traumatique en interrogeant les formes de la violence et la genèse de celle-ci. Ainsi, il se focalise sur les participants à cette rébellion, sur ses meneurs locaux éparpillés et peu renommés, sur leurs modalités d’action et les références qu’ils ont mobilisées.»

Discutants

• Coraline JORTAY (CNRS, THALIM, associée CECMC)
• Hamit BOZARSLAN (EHESS, CETOBaC)
• Arnaud NANTA (CNRS, IAO, Lyon)
• Modération : Marie-Paule HILLE (EHESS, CCJ-CECMC)

Lieu : 

Campus Condorcet – Bâtiment EHESS – Salle C385-387 (3e étage)
2, cours des Humanités, 93300 Aubervilliers

Les sources d’archives portant sur les relations entre le Vietnam, la France et les pays francophones

Le workshop intitulé « Les sources d’archives portant sur les relations entre le Vietnam, la France et les pays francophones » (Nguồn tài liệu lưu trữ về quan hệ hợp tác Việt Nam, Pháp và các nước Pháp ngữ) s’intéresse aux archives publiques, mais aussi privées, conservées dans différents pays, portant sur cette thématique.

Celle-ci est certes l’objet de nombreuses recherches portant sur les différents aspects de l’histoire, politique et militaire, diplomatique et culturelle. Cependant, au-delà des travaux de chercheurs au Vietnam ou en France, il manque une approche globale visant à faire connaître les différentes sources d’archives, leur importance pour la recherche, ainsi que leurs conditions de conservation et d’accès. L’histoire même des recherches portant sur les relations entre le Vietnam et la France mérite d’être étudiée. Entre l’ouvrage de référence publié en 1967 par l’historien Nguyen The Anh, Bibliographie critique sur les relations entre le Viêt-Nam et l’Occident et le Guide de recherche dans les sources de l’histoire commune de la France et du Vietnam (1862-1954) mis en ligne en août 2023 sur un portail commun des Archives nationales de France et de Vietnam, la nature de ces relations et les modalités de leur fonctionnement ont connu beaucoup de changements.

Ce workshop vise à présenter d’une manière systématique les principales sources d’archives concernant l’histoire des relations entre le Vietnam, la France et des pays francophones. Il s’agit d’avoir une vision globale de leur contenu, leurs volumes, ainsi que leur conversation et leurs conditions d’accès. Une vingtaine d’intervenants vietnamiens et internationaux, dont des doctorants, est attendue. Une sélection de communications sera publiée, en fonction des moyens obtenus, sous forme papier, mais aussi en ligne dans l’esprit des sciences ouvertes afin de favoriser l’accès aux résultats de la recherche.

Ce workshop s’inscrit dans la continuité des manifestations scientifiques co-organisées ces dernières années par l’USSH et l’Institut de recherches asiatiques (IRASIA, UMR 7306, CNRS-AMU) dans le cadre de l’accord de coopération signé en 2017 entre la VNU Hanoi et Aix Marseille Université, et renouvelé l’année dernière en 2022. Il a pour objectif de faire rencontrer les chercheurs vietnamiens et francophones qui vont communiquer sur leurs travaux de recherche en cours, mais également échanger sur les projets de coopération en cours.

En effet, l’USSH est chargée par la VNU Hanoi d’élaborer un projet de formation aux métiers des archives et du numérique au niveau de master avec un consortium francophone comprenant les Archives nationales d’Outre-Mer (ANOM), Aix Marseille Université (AMU), Ecole française d’Extrême- Orient (EFEO) et Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE). Pour l’USSH, ce projet de formation master au standard international est d’une grande importance, répondant notamment aux besoins du milieu professionnel des archives et des différentes administrations vietnamiennes.

Plus d’informations : [Cliquez ici]

« Le feu qui tombe du ciel » : le napalm dans la guerre d’Indochine (1950-1954)

colloque international "Repenser la guerre d’Indochine : violences civiles et coloniales"

La guerre d’Indochine (1945-54) opposant la France au Vietnam dirigé par Ho Chi Minh fut la guerre de décolonisation la plus violente du 20ème siècle. Environ un million d’êtres humains sont morts – des Laotiens, des Cambodgiens et des Vietnamiens, civils et combattants, hommes et femmes, jeunes et vieillards. L’usage de la torture, du viol et du napalm n’a pas commencé en Algérie, ni lors de la guerre du Vietnam. Et pourtant les destructions et les souffrances de la guerre d’Indochine restent encore dans l’ombre, prisonnières d’un oubli étonnant tant en Indochine qu’en France. Comment expliquer cette guerre de décolonisation si violente ? Ce colloque, le premier en son genre, vise à répondre à cette question en étudiant deux types de violences : celles perpétuées par les Français contre les Indochinois et celles qui opposaient les Indochinois eux-mêmes. Il est temps d’étudier les violences coloniales et civiles au cœur de ce conflit si meurtrier.

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