Séminaire de l’IAO : Sophie Biard

Sophie Biard, La conservation du patrimoine archéologique au Cambodge

Sophie Biard, Historienne de l’art, Sophie Biard travaille au Cambodge depuis 2014 pour la recherche, la documentation et la conservation des collections archéologiques nationales.

Résumé : La constitution des collections d’œuvres archéologiques cambodgiennes est un processus qui a débuté à la fin du XIXe siècle. Celle-ci a été très largement subordonnée aux événements politiques de l’histoire contemporaine mouvementée du pays. L’organisation des institutions du patrimoine ainsi que la conservation et la gestion des collections au Cambodge est toujours tributaire cet héritage. La connaissance de cette histoire conditionne également certains aspects de la recherche pour la compréhension des œuvres, notamment pour la connaissance de leur contexte original. En effet, leur documentation repose sur un travail d’enquête sur des fonds d’archives qui ont eux-mêmes été dispersés par les évacuations en temps de guerre.

Séminaire de l’IAO : Emmanuel Jourda

Emmanuel Jourda, Chercheur-associé au CECMC de l’EHESS, étudie l’histoire politique contemporaine de la Chine.

Résumé : Dans le pourtour de la mer de Chine méridionale du 19ème siècle colonial, lesdites « triades » intriguent. Leurs cris de ralliement antimandchous et leur emprise sociale les classent indistinctement comme politiques et dangereuses, alors que la Chine s’enfonce dans des violences de masse au fil des décennies et que les empires occidentaux se renforcent. À la fin du siècle, les révolutionnaires chinois tentent d’en faire un levier d’action de leur activisme. À cette fin ils cherchent à inclure leurs légendes dans la construction de leur nationalisme antidynastique en gestation. Dans la période républicaine, lesdites « sociétés secrètes » font l’objet d’attention tant de la part des nationalistes, des communistes que des Japonais. Après 1949, Mao Zedong les élimine en RPC, notamment en raison de proximités supposées avec le KMT. Dans les années 1960-1970, la sinologie occidentale analyse leur imaginaire et leur histoire pour y déceler des traces populaires primitives de la révolution communiste. Dans les années 1980-1990, le PCC les démarche dans le cadre de la rétrocession de Hongkong. Depuis les années 2010 des activistes troubles, à Hongkong et Taiwan, s’opposent à des manifestations de voie publique contraires au Rêve chinois irrédentiste de Xi Jinping au nom de leur tradition nationaliste. Cette histoire longue, et en apparence fragmentée, trouve toutefois sa cohérence en faisant des triades un sujet d’étude politique revisité.

La Route de la Soie en bande dessinée : regards artistiques et géopolitiques

La Route de la Soie en bande dessinée : regards artistiques et géopolitiques
Marie Laureillard (Etudes chinoises, Université Lumière Lyon 2, Institut d’Asie Orientale)

Il y a plus de 2100 ans, Zhang Qian de la dynastie Han en Chine se rendit par deux fois en Asie centrale, ouvrant la porte à des échanges « amicaux » entre les pays traversés par une route commerciale qui allait bientôt se prolonger jusqu’en Europe. À l’occasion du Forum de coopération internationale « One Belt One Road » qui s’est tenu à Pékin en 2017, les éditions des bandes dessinées (Lianhuanhua chubanshe) ont sélectionné huit opuscules sous le titre Les liens de la route de la soie (Silu lianyun丝路连韵) afin de promouvoir la stratégie nationale du projet « One Belt One Road » porté par Xi Jinping. Nous souhaiterions analyser cet ouvrage tout d’abord d’un point de vue esthétique et sémiotique, mais également d’un point de vue politique et géopolitique. Nous étudierons par quels moyens (paratextes, esthétique avenante d’un dessin vivant et coloré, mode de traitement des thèmes, stratégies narratives) il transmet une vision idéalisée de l’histoire à des fins d’éducation et de propagande.

Marie Laureillardmaîtresse de conférences HDR en études chinoises, consacre ses recherches à l’art et la littérature de la Chine et de Taïwan à l’époque moderne et contemporaine, et particulièrement aux croisements du texte et de l’image. Elle est l’auteur de Feng Zikai, un caricaturiste lyrique. Dialogue du mot et du trait (L’Harmattan, 2017) et de Shanghai années 1930 : expressions artistiques dans trois revues d’avantgarde (Hémisphères, 2021). Également traductrice littéraire (Ye Lingfeng, Confessions inachevées, Serge Safran, 2020), elle coorganise un colloque sur la bande dessinée en Asie de l’Est à Lyon les 14 et 15 octobre prochains.

À l’autre bout de la Route de la Soie : imaginaires croisés de cultures éloignées (empire Han et empire romain)
Tristan MAUFFREY (Université Paris 3-Sorbonne, Littératures comparées)

À l’autre bout de la route de la soie : imaginaires croisés de cultures éloignées (empire han et empire romain)D’un bout à l’autre du continent eurasiatique, au début de notre ère, les deux entités politiques largement multiculturelles que l’on désigne comme empire romain et empire han n’ont pas établi de relations directes. Cela ne signifie pas pour autant que le monde romain et le monde chinois aient été indifférents l’un à l’autre : les denrées échangées par les routes de la soie, tout comme les récits des voyageurs, ont nourri des représentations imaginaires de cet autre lointain, dont la désignation, la description et la localisation apparaissent particulièrement fluctuantes dans les sources anciennes grecques,latines et chinoises. De qui s’agitil, alors, quand les Romains parlent de Seres, et qu’entendent les Chinois qui mentionnent le royaume de Daqin(大秦) ? Plutôt que d’assigner à ces termes des référents univoques, on se propose de lire de manière croisée quelquesuns des textes (poétiques, géographiques, historiques) qui, replacés dans le contexte ancien de leur énonciation, font apparaître des visions fantasmées, n’ayant en fait de sens que pour la culture qui les a produites.

Tristan Mauffrey est maître de conférences stagiaire en Littératures comparées à l’Université Sorbonne Nouvelle et membre du Centre d’Études et de Recherches Comparatistes dans cette université. Il travaille notamment sur les comparatismes entre antiquités grecque, romaine et chinoise. Sa thèse (2015) s’intitule «Narration poétique et mémoire héroïque dans la Grèce classique et dans la Chine préimpériale : fabriquer des savoirs traditionnels à partir de l’Iliade, de l’Odyssée et du Livre des Odes (Shijing)». Il a récemment contribué au volume sur la Chine dans les études comparatistes dirigé par Muriel Détrie et Philippe Postel (SFLGC, Lucie éditions) avec l’article intitulé : «La mémoire des accomplissements héroïques dans le Shijing et les poèmes homériques : une lecture croisée de deux corpus poétiques traditionnels».

Plus d’information : https://seao.hypotheses.org/

Journée des doctorant.e.s de l’IAO 2021

Journée des Doctorant 2021
Programme

1ère session : 11h-12h30

11h-11h45 : Thomas BALLET (doctorant en Histoire contemporaine, Université Lyon 2)
Directeur de thèse : Arnaud NANTA
« Le Japon impérial face à la Russie : La diplomatie et les discours de l’oligarchie japonaise à l’égard de la Russie tsariste (1895-1918) »

11h45-12h30 : Michaël FERNANDEZ (doctorant en sociologie, Université Grenoble-Alpes)
Directeurs de thèse : Thomas REVERDY et Mathieu BRUGIDOU
« Le déploiement de l’hydrogène, actualité française et expérience japonaise : construction et contestation de la légitimité d’un vecteur énergétique »

12h30-14h : pause déjeuner

2ème session : 14h-15h30

14h-14h45 : Virginie BERTHEBAUD (doctorante en Etudes chinoises, ENS de Lyon)
Directeur de thèse : Romain GRAZIANI
« L’éveil d’une conscience écologique ? L’Homme et la dégradation environnementale dans la littérature contemporaine chinoise. »

14h45-15h30 : Raphaëlle YOKOTA (doctorante en études cinématographiques et en japonais, INALCO, associée à l’IAO)
Directeur de thèse : Michael LUCKEN
« Le cinéma de Koreeda Hirokazu, au-delà de la famille »

 15h30-16h : pause

 3ème session : 16h-17h30

16h-16h45 : Kanako TAKEDA (doctorante en sociologie, EHESS – Sorbonne Université, associée à l’IAO)
Directrices de thèse : Bénédicte ZIMMERMANN et Beate COLLET
« La carrière professionnelle de femmes migrantes Japonaises en couple mixte en France. Analyse des ressources et de leur conversion. »

16h45-17h30 : Samia KOTELE (doctorante en histoire, ENS de Lyon)
Directeurs de thèse : Rémy MADINIER et Oissila SAAIDIA
« Femmes oulémas et réforme islamique en Indonésie : entre accommodation et contestation d’un statu quo normatif » 

Construire une communauté religieuse à Taïwan

Construire une communauté religieuse à Taïwan : l'exemple de celle de la Vénérable Gongga (1903-1997)

Ce séminaire s’inscrit dans la thématique « Question religieuse : sécularisation et réinvention »  du séminaire ASIES (master Amo – Asie méridionale et orientale : terrains, textes et sciences sociales). 

Reconnue comme un maître laïc à Taïwan, la Vénérable Gongga (1903-1997) concentre son autobiographie sur la retraite de trois ans qu’elle a effectuée au monastère Bo Gangkar au Tibet dans les années 1940. Le soin qu’elle apporta à la narration de son expérience spirituelle au Tibet fut crucial pour la construction de sa communauté dès le début des années 60 tandis que l’exploitation de ce récit par ses disciples est fondamentale pour son maintien aujourd’hui. L’analyse de ce récit et celle de sa transtextualité donneront à voir de quelles façons la transcription de son expérience spirituelle assura la légitimité de la Vénérable Gongga au début des années 60 et combien ses aménagements tardifs l’inscrivent dans la durée.

La nuit à la croisée des arts et des cultures : perceptions, imaginaires, représentations

La nuit à la croisée des arts et des cultures : perceptions, imaginaires, représentations

Programme

 La nuit dans le cinéma chinois : de la réalité à la métaphore par Luisa Prudentino

La nuit au cinéma semble être un des motifs esthétiques le plus sujet aux modes, aux évolutions techniques et aux interprétations -ces dernières étant particulièrement mises en avant dans le cinéma chinois. La nuit se prête à tellement d’interprétations qu’elle confère à chaque film un caractère unique où la « métaphore du noir » souligne le message du réalisateur, le sublime ou encore le détourne.  Dans les films chinois, bien avant Wong Kar-wai, on décèle la présence d’un rapport au monde spécifiquement nocturne décliné à travers le temps, l’espace et l’Autre – rapport totalement diffèrent des représentations occidentales. Enfin, une étude de la nuit au cinéma ne peut ignorer la révolution du numérique, qui tend à séparer les êtres non pas par un contre-jour, mais en les découpant avec toute la précision qu’offre une profondeur de champ étendue. Dans cette perspective, les nouvelles générations de cinéastes proposent une exploration cinématographique qui propose une perception tout à fait originale de la nuit.

Luisa PRUDENTINO est sinologue, spécialiste du cinéma chinois. Auteure de nombreux articles et essais sur le sujet, elle publie Le regard des ombres en 2003, son premier ouvrage entièrement consacré au cinéma chinois contemporain. Aujourd’hui, elle est chercheuse à l’Université d’Artois et enseigne également l’histoire du cinéma chinois à l’INALCO (Paris) et à l’Institut des Sciences Politiques du Havre.

Des scènes de nuit en couleur dans le cinéma de Stanley Kubrick à l’hypothèse d’un nocturne cinématographique par Judith Langendorff

Si le cinéma de Stanley Kubrick se singularise par l’usage de grands angulaires et d’images souvent très claires, d’une précision remarquable, qui lui viendrait de ses expériences premières comme photographe et réalisateur de documentaires, le versant nocturne de ses films est plus ambigu. Le cinéaste semble s’être attaché au cours de ses films, depuis 2001 : L’Odyssée de l’espace (1968) jusqu’à Eyes Wide Shut (1999), à créer une lumière diurne très claire et un éclairage nocturne plus spirituel, souvent bleu mais aussi, noir, sépia, mauve ou rouge. Seront analysées au cours de cette intervention des séquences bleues, invitation au sublime, mais aussi moments dramatiques, des séquences rouges, rencontre avec la mort,  des séquences noires ou parcourues d’ondes de couleurs à consonances plus métaphysiques.

Judith LANGENDORFF, docteure en études cinématographiques et audiovisuelles de la Sorbonne nouvelle-Paris 3, qualifiée aux fonctions de maître de conférences en section 18 en 2019, est actuellement chargée de cours dans le département cinéma de cette université, après avoir exercé le métier d’acheteuse d’art pour la photographie. Son ouvrage sur Le Nocturne et l’émergence de la couleur : cinéma et photographie doit paraître le 27 mai 2021 aux Presses Universitaires de Rennes, dans la collection Aesthetica.

Plus d’informations : https://langarts.hypotheses.org/4460

Séminaire de l’IAO : David Serfass

Séminaire de l'IAO David Serfass

David Serfass, maître de conférences en histoire à l’Inalco et chercheur à l’Ifrae.

Résumé : La période de la guerre Asie-Pacifique (1937-1945) et de ses prémices a longtemps été appréhendée comme une parenthèse venant interrompre l’éclosion des bourgeons de la « démocratie de Taishō », avant que la tutelle américaine de l’après-guerre ne parachève ce processus en faisant adopter en 1946 une nouvelle constitution transférant la souveraineté de l’empereur au peuple (kokumin). À travers l’étude du débat parlementaire et médiatique au sujet de la politique du Japon en Chine, qui atteint son paroxysme en 1940, nous tenterons de repenser la guerre totale comme un moment paradoxal d’affirmation du principe de la souveraineté du peuple.

Séminaire de l’IAO : Samuel Guex

Samuel Guex est Professeur associé à l’Université de Genève, spécialiste d’histoire coréenne et japonaise, et des relations Chine-Corée-Japon

Résumé : Les relations entre le Japon et la Corée du Sud sont au plus bas depuis plusieurs années. Les controverses autour des femmes de réconfort et, plus récemment, des victimes de travail forcé durant la colonisation, sont la cause de frictions diplomatiques dont les effets s’étendent désormais aux échanges culturels et économiques. Au cœur des dissensions se trouve le traité nippo-coréen de 1965, qui a permis la normalisation des relations entre les deux pays, mais qui fait l’objet d’interprétations divergentes. Alors que Tôkyô ne cesse de répéter que la question du dédommagement des victimes de la période coloniale a été réglée définitivement en 1965, Séoul considère, lui, que les dispositions du traité ne concernaient pas les demandes de dédommagement individuelles. Ces positions radicalement opposées semblent irréconciliables. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Tout en examinant les principaux points d’achoppement concernant le traité de 1965, nous montrerons que, par le passé, les positions officielles des gouvernements japonais et sud-coréens furent parfois bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui.

Séminaire de l’IAO : Isabelle Konuma

Séminaire de l'IAO : Isabelle Konuma

Isabelle Konuma, professeure à l’INALCO (IFRAE), spécialiste de l’histoire du droit japonais

Les léproseries furent la scène des expériences de stérilisation collectives dès les années 1910, fournissant par là-même un modèle réel aux lois de stérilisation de 1940 (Kokumin yûseihô) et de 1948 (Yûsei hogohô). Si la politique d’isolement des lépreux fut l’objet d’un jugement historique (2001) suivi d’une loi d’indemnisation (2006) élargie aux patients coréens (Sorokdo Sanatorium) et taïwanais (Losheng Sanatorium) de la période coloniale, les stérilisations pratiquées dans les sanatoriums quant à elles ne firent pas encore l’objet d’un positionnement clair de la part de l’État japonais malgré les actions en justice menées depuis 2018. À travers les archives et les magazines de la léproserie de Tama Zenshôen (Tôkyô), nous tenterons d’analyser la synergie entre les corps médicaux et administratifs, alimentée par le positionnement des juristes vis-à-vis des causes eugénistes.