Colloque – Esthétiques des modes d’autorité : culture matérielle et scénographie du pouvoir en Asie orientale (XVIIIe-XXIe siècles)

L’objectif de ces deux journées d’étude est de proposer une réflexion globale à propos des modalités selon lesquelles l’autorité se légitime et se donne à voir au sein de l’ensemble de l’aire constituée par l’Asie Orientale. À cet effet, seront analysés divers marqueurs (vêtements, cérémonies, drapeaux, musées, films, musiques, tableaux, etc.) qui viennent illustrer ou compléter les expressions habituelles du politique (écrits, discours, etc.) depuis le niveau local jusqu’à celui de l’État-nation.

Cette rencontre vise ainsi à identifier la constitution, l’évolution et la mise en scène de ces symboles nationaux et/ou régionaux, ainsi qu’à repérer les circulations infra et extra asiatiques ayant inspiré ces grammaires non écrites du pouvoir.

Jeudi 1er juin

9h-9h30 Accueil, mots de bienvenue
Claude Chevaleyre (CNRS – IAO), Directeur adjoint de l’IAO

9h30-11h30 Langage vestimentaire du pouvoir
Président de séance : Jérémy Jammes

 Rémy Madinier (CNRS, IAO) – De la jubbah de Diponegoro au baju muslim de Jokowi : les usages politiques du vêtement en Indonésie

Assez tôt réglementé par un colonisateur avide de classifications ethniques et régionales, le vêtement a très tôt dit beaucoup du rapport à l’autorité dans les Indes néerlandaises. Procédant dans un premier temps d’une appropriation sélective de la culture matérielle coloniale puis d’un retournement de son esthétique, le nationalisme indonésien s’est progressivement construit une identité vestimentaire dépassant l’apartheid des apparences imposé par les Hollandais. À partir des années 1920, le costume national se fixe progressivement autour d’un accessoire masculin, la Peci. Après l’indépendance, cette toque de velours noire demeurera un invariant du vêtement présidentiel, accompagné, selon les périodes, de références militaires, populaires ou islamiques.

 Samia Kotele (IAO) – Historicité du genre en Indonésie : quand l’autorité des modes esthétiques dit le pouvoir (début xxe siècle à nos jours)

La chute du régime autoritaire de Soeharto ainsi que l’islamisation croissante des corps dans l’espace public en Indonésie ont suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. L’analyse de ces phénomènes esthétiques à travers le prisme des compatibilités ou dichotomies opposant « l’Orient » à « l’Occident » tend à survoler l’histoire du corps féminin discipliné. Les objets de la culture matérielle constituent une ressource précieuse pour étudier l’autorité des normes esthétiques. Produits d’accoutumances ou d’hybridations culturelles, ces modes esthétiques et leur reconnaissance sociale laissent apparaître non seulement l’historicité du genre mais également du pouvoir. Le vêtement apparaît comme un marqueur central de l’autorité. À cet égard, la différenciation entre colons et indigènes se pense en premier lieu par l’inscription de l’altérité dans les systèmes esthétiques. L’imposition de la blouse pour couvrir la poitrine des femmes balinaises s’inscrivait par exemple dans le rôle civilisationnel du colonisateur. Lors de l’indépendance, les codifications de l’uniforme des épouses des dirigeants firent du corps féminin l’ultime symbole de la nation, attribuant aux femmes le rôle de « reproductrices biologiques de la nation ». Les différents projets politiques s’inscrivent ainsi dans les modes esthétiques où les normes de beauté expriment différentes loyautés nationales, confessionnelles, culturelles permettant ainsi de tracer les frontières entre le « nous » et l’« autre ». À travers une étude de la culture matérielle, nous aborderons dans une approche historique à la fois le hiatus entre les discours et les pratiques des modes esthétiques du corps féminin, et les formes de réappropriation à l’œuvre.

10h45-11h Pause-café

 Emmanuel Lincot (Institut catholique de Paris, IRIS) – Langage vestimentaire et langage des corps en Chine, depuis le mouvement du 4 mai 1919 jusqu’à nos jours : sémiologie des formes et symbolique du pouvoir

Comment est-on successivement passé, en un siècle, de la robe du lettré au costume cravate, à la robe qipao puis à l’uniformité unisexe du costume Mao ? Que nous dit Jiang Zemin en arborant une veste en soie se réclamant d’une tradition qui n’en est pas moins totalement réinventée à l’occasion du sommet de l’APEC en 2001 ? Que nous disent les choix de ces signes, dans la posture des corps comme dans la virilité du discours, ou dans le rapport au monde et à l’histoire ? Loin de relever de l’anecdote, c’est une histoire culturelle et une anthropologie du pouvoir qu’il nous reste à écrire par ce biais pour comprendre les mutations de la société chinoise durant près d’un siècle.

 Déjeuner

14h00-15h00 Visite des collections de l’IAO

15h00-15h15 Pause-café

15h15-16h30  Propagande filmique
Président de séance : Arnaud Nanta

Corrado Néri (Université Jean Moulin Lyon 3) – Le drapeau et la légitimité : les superproductions filmiques chinoises entre propagande et spectacle

En Chine, comme ailleurs, le cinéma raconte des histoires ; principalement. Il existe, il est vrai, des fenêtres ouvertes sur d’autres horizons, à savoir le cinéma expérimental, d’avant-garde, de recherche – des choix qui se concentrent sur les spécificités du médium, comme le montage ou les visuels, et qui recherchent des sens et des affects au-delà (avant ou après ou entre les deux) du message souvent inhérent à l’évolution personnelle des protagonistes. Mais, comme ailleurs, le cinéma en Chine est avant tout narratif et il doit répondre aux diktats étatiques qui régulent son discours. La situation de la Chine est toutefois spécifique dans la mesure où la structure éléphantesque de la production cinématographique oscille entre la nécessité de créer un soft power à usage interne et externe, tout en restant strictement contrôlée par le Bureau du cinéma. En analysant la récurrence quasi obsessionnelle du drapeau national dans des films aux récits contemporains comme Wolf Warrior (titre repris par les journalistes pour parler des faucons de l’administration Xi) ou My People, My Country, ou encore les films sortis à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, nous verrons comment ces œuvres racontent la maîtrise technique absolue de l’industrie chinoise, laquelle produit aujourd’hui des blockbusters impeccables ; elles racontent aussi la capacité du gouvernement à fédérer les professionnels les plus importants de l’industrie (acteurs et actrices, réalisateurs et réalisatrices) uni.es dans un chœur synchrone de fierté et d’orgueil.

 Jérémy Jammes (IEP de Lyon, IAO) – Les Échos du Minaret : un film-monument pour un micro-État musulman brunéien

Trois mois après le couronnement du jeune sultan Haji Hassanal Bolkiah, le premier long métrage de Brunei, Gema Dari Menara (1968), est présenté au public. La trame de ce mélodrame familial, commandité par le Département des Affaires religieuses, repose sur une série de tensions au sein d’une classe moyenne émergente, mettant dos à dos une piété musulmane conservatrice et la sécularisation/occidentalisation du Brunei, alors sur le chemin de l’indépendance (1984). Cette présentation reviendra sur le scénario et les personnages de ce film de propagande qui balise un moment clef dans l’histoire socio-économique du pays et la mise en place de son idéologie d’État.

Vendredi 2 juin

9h20-12h Cultures matérielles et spirituelles du politique
Présidente de séance : Claire Vidal

Marie-Sybille De Vienne (INALCO, CASE) – Impermanence du roi, pérennité du royaume : les funérailles de Rama IX en octobre 2017

Les funérailles royales mettent en scène un rite de passage transformant le roi défunt en un esprit tutélaire protecteur du royaume et de la dynastie. Effectué une dizaine de mois, voire plus, après le décès du souverain, il se lit au premier degré comme la crémation du corps physique du Roi, déposé au sommet d’une tour représentant le mont Meru, dont les éléments décoratifs sont tirés de la cosmogonie bouddhique du Traibhūmi (Les Trois Mondes), l’un des textes fondateurs du bouddhisme siamois. Son ordonnancement peut s’interpréter comme le symétrique inverse de celui du couronnement, opposant par exemple le « plein » du Grand Palais où le Roi est couronné au « vide » de l’esplanade de Sanam Luang où il est brûlé. Par-delà, c’est la cité royale tout entière qui est sacralisée, via la répartition des cendres mêlées de fragments osseux du roi défunt entre les grands temples royaux et, métaphoriquement, le royaume tout entier par le rejet de celles des « fleurs de santal » dans les rivières qui le constituent.

Vanina Bouté (EHESS, CASE) – Entre poteaux rituels de fondation (lak müang) et stupa : réutilisation de marqueurs de la légitimité en RDP Lao

Plusieurs travaux se sont intéressés aux mises en scène du pouvoir politique en RDP Lao, montrant comment les plus hauts cadres du Parti unique du pays puisaient dans un ancien répertoire royal et bouddhique pour donner à voir une légitimité. On rappellera les différentes évolutions de ces marques de légitimité au cours des vingt dernières années, mettant en perspective les manifestations matérielles du pouvoir au niveau de l’État avec celles utilisées au niveau local (provinces et districts).

 10h30-10h45 Pause-café

 Elsa Clavé (Université de Hambourg, CASE) – Entre tradition et emprunts : l’esthétique de l’autorité des sultans de Sulu aux Philippines (xixe-xxie siècles)

Ma communication porte sur la stratégie utilisée par les sultans de Sulu pendant deux siècles (xixe-xxie) pour affirmer leur statut et leur autorité, de leurs costumes aux symboles utilisés. Ce faisant, l’étude met en évidence comment la tradition utilise des matériaux, des symboles et des rites anciens du sud des Philippines, tout en en incorporant d’autres qui appartiennent à la langue héraldique européenne pour étendre le vocabulaire symbolique de l’autorité et du pouvoir. La mobilisation de sources écrites et visuelles démontre comment la maison royale s’adapte à l’évolution des situations politiques locales et internationales. Les cas de comparaison des xixe et xxie siècles éclairent l’évolution des usages diplomatiques et contribuent à une meilleure compréhension de la culture politique du Sultanat de Sulu.

Florence Galmiche (Université Paris Cité, CCJ) – Esthétique monastique et réformes du bouddhisme coréen au xxe siècle

La présentation porte sur la manière dont le clergé et les institutions bouddhistes en Corée du Sud ont affirmé leur supériorité et leur distance vis-à-vis de la religion populaire, notamment de ce qui est aujourd’hui qualifié de chamanisme. Les moines en Corée avaient un statut social très bas du xve siècle à la fin du xixe siècle et de nombreux réformateurs ont cherché à redéfinir leur statut et leur autorité au xxe siècle. Il s’agira de réfléchir aux dimensions esthétiques et rituelles de ces projets de réforme du statut monastique : en particulier à l’attention accordée à l’aspect des moines (systématisation du vêtement et de nouveaux signes distinctifs comme le chapeau), à la codification rituelle de leurs interactions avec les laïcs (prosternations lorsqu’un laïc salue un moine, par exemple) et à la place donnée aux représentations visuelles d’entités classiques dans le bouddhisme coréen, mais associées à la religion populaire (Esprit de la montagne ou Pindola Bharadvaja par exemple).

Déjeuner

14h30-16h Lieux de mémoire et de pouvoir
Président de séance : François Guillemot

Arnaud Nanta (CNR, IAO) – La place du sanctuaire Yasukuni au sein du culte japonais des morts à la guerre

De 1879 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le sanctuaire Yasukuni, à Tōkyō, a couronné le dispositif japonais de commémoration des soldats tombés pour le Japon impérial. Ce sanctuaire, transformé en institution privée après la guerre, continue aujourd’hui de commémorer les morts dont il a la charge, de façon parallèle aux nouvelles cérémonies officielles mises en place en 1952. Dans cette présentation, on analysera la nature des commémorations réalisées pour ces « morts pour la patrie », ainsi que la dimension plurielle de débats qui convoquent avec insistance le passé colonial au présent. Au-delà, on tentera une réflexion plus globale sur les institutions sacrificielles mises en place au sein des États-nations au xixe siècle.

Olga Dror (Texas A&M University, Collegium de Lyon) – Monumentalisation de la modestie : l’esthétique du culte de Ho Chi Minh

La modestie de Ho Chi Minh, que ce soit dans sa vie privée ou dans sa vie d’homme d’État, a été monumentalisée au Viêt Nam par le biais de livres, de photographies, d’affiches et de films. Bien qu’à première vue l’idée de « monumentalisation » ne soit pas nécessairement compatible avec celle de « modestie », je démontrerai que les deux idées ont créé ensemble une symbiose politiquement et socialement efficace au Viêt Nam. J’aborderai la question de la paternité de cette monumentalisation, ses principales caractéristiques et les raisons qui la sous-tendent.

Commentaires et discussion – Yves Goudineau (EFEO)

Conclusion finale – Jean-Michel Roy (Collegium de Lyon)

Etudier la migration et le genre

La décision d’organiser une journée d’étude portant sur les marginalités en Asie à travers les prismes du genre et des migrations est née de la volonté de mettre en avant des contributions originales portant sur des groupes sociaux, des thématiques et des territoires qui sont souvent éclipsés dans le champ des études francophones sur l’Asie. En croisant les perspectives disciplinaires et en décloisonnant les thématiques, cette journée d’étude vise à stimuler des discussions novatrices sur les intersections entre le genre et les migrations et les méthodes à l’œuvre en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Comité scientifique

– Béatrice Jaluzot (Maîtresse de conférences HDR, ENS de Lyon/IAO)
– Hui-Yeon Kim (Maîtresse de conférences, Inalco/IFRAE)
– Isabelle Konuma (Professeure des universités, Inalco/IFRAE)

Programme

10h00 – 10h25 : Mot d’accueil et collation

Session 1 : Migration et trajectoires sociales

10h25 – 10h30 : Oumrati Mohamed (Inalco), Introduction de la session

10h30-11h00 : Cao Minh Ho (Sciences Po Paris), « Stéréotypes positifs et expériences subjectives du racisme et des discriminations des descendants d’immigrés asiatiques en milieu scolaire »

11h00-11h30 : Hyunjee Kim (Université Paris Cité), « Rôles attribués aux étudiants subsahariens en Corée : racialisation, discrimination et leurs réactions »

Pause 11h30-11h50

11H50-12h20 : Kanako Takeda (EHESS – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Le parcours professionnel des femmes migrantes japonaises en couple mixte : la double incidence migratoire et familiale »

12h20-12h50 : Discussion
Discutante : Juan Du, MCF, docteure en sociologie (Cergy Paris Université)

Pause midi

Session 2 : Identité de genre et Féminisme

14h00-14h05 : Ivanka Guillaume (Inalco), Introduction de la session

14h05-14h35 : Roberta Stratta (Univ. Lumière Lyon 2), « Femmes qui écrivent sur les femmes : la question de la représentation du célibat dans la littérature chinoise contemporaine »

14h35-15h05 : Nausica Rivière (Inalco), « Autour du rituel du mariage : réflexions sur les usages et les remises en question du rituel du mariage à Taïwan »

Pause : 15h05-15h25

15h25-15h55 : Samia Kotele (ENS de Lyon) « Réformer la normativité des mutilations génitales féminines en Indonésie : les voix plurielles des mouvements féministes entre islam, coutume et pratiques sociales (1998- à nos jours) »

15h55-16h25 : discussion
Discutante : Chiharu Chujo, MCF, docteure en études japonaises (Tokyo University of Foreign Studies)

16h25-16h30 : Mot de la fin et remerciements

Intervening in Race Studies from Japanese/Asian Perspectives

Intervening in Race Studies from Japanese/Asian Perspectives

Yasuko TAKEZAWA est professeure émérite à l’Université de Kyoto, et Professeure à l’Université des langues étrangères du Kansai (Japon). Elle travaille depuis plus de trente ans sur les questions concernant les processus de racialisation et le racisme, qu’elle a d’abord étudiés dans le cas des États-Unis. Elle a dirigé durant près de deux décennies un projet de recherche national japonais Kaken (équivalent des ANR) transdisciplinaire sur ce sujet, avec une équipe internationale, à propos du Japon et des autres pays de l’Asie de l’Est, dans une perspective comparative avec l’Europe et les États-Unis. 

Résumé : Despite the voluminous research conducted on race, the majority of studies have been framed within paradigms that stem from Atlantic colonial and post-colonial experiences. These paradigms prioritize the significance of skin color and other phenotypical differences, as well as the historical concept of the « one-drop rule. » In this lecture, the speaker aims to examine the modalities of racialization in Asia, particularly in Japan, where the majority of marginalized and racialized groups are phenotypically indistinguishable. She will also discuss her experiences of leading a large-scale collaboration project she had led: through a series of international joint research projects conducted over the past two decades, the speaker will explore the similarities and differences in the modalities of racialization between groups with distinct phenotypical differences and those without. The goal of this research is to intervene in the global discourse on race and broaden our understanding of race beyond the Atlantic paradigm.

La conférence sera en anglais.

Décrire le local : monographies, archives et carte

PROGRAMME

09h00-09h30 : accueil des participants

09h30-10h30 : « Questions environnementales » (présidence : Jérémy Jammes)

Chen Ming-zong : « Un sens local du juste : le conflit autour de la distribution entre privilège et obligation dans le commerce du bois dans la province du Guizhou aux XVIIIe-XIXe siècles »
Lei Yang : « Construire un temple de montagne : sens et ressentis dans le Guangjisi de Pékin au début du XVIIIe siècle »

10h30-11h00 : pause-café (salle D8.004)

11h00-12h30 : « Microhistoires urbaines » (présidence : Pan Junliang)

Xie Yijun : « Quartiers défensifs, quartiers religieux ? Les lianjing du Tainan dans les sources historiques locales (1786-1945) »
Yan Yiqiao : « Nouvelles compréhensions de l’État et de la société pendant la guerre sino-japonaise : enquêtes sociales et organismes philanthropiques dans le Chengdu de la République de Chine »
Zheng Qijun : « La main invisible de Jigong : Reconstruction des monastères taoïstes par les groupes d’écriture inspirée dans la Chine moderne »

12h30-13h30 : Déjeuner (restaurant de l’ENS)

13h30-14h30 : « Caractériser les sociétés locales » (présidence : Claude Chevaleyre)

Liu Weijia : « La catégorisation et la terminologie de la bienfaisance dans les monographies locales de la province du Sichuan »
Zhong Liang : « La société locale d’après les documents administratifs découverts près des lignes de défense Han dans le Nord-ouest de la Chine »

14h30-15h00 : pause-café (salle D8.004)

15h00-16h00 : « Ethnographies du lointain » (présidence : Alexis Lycas)

Emanuela Garatti : « Huit mille li à l’ouest de Chang’an : Le Tibet et les Tibétains dans la section waichen bu du Cefu yuangui »
Zhang Rui : « Aux confins du Sud et au-delà : la description de Hainan par un Su Shi exilé »

16h00-17h00 : table ronde animée par Vincent Goossaert

19h00 : Dîner (à préciser)

Musiques en Asie : trajectoires artistiques, industries et scènes musicales

Programme

VENDREDI 5 MAI

9h00-10h00 : accueil, discours de bienvenue

Panel 1 : Culture matérielle et technologique autour de la musique
Ce panel portera sur la musique en tant que l’un des piliers de l’artisanat et de l’industrie. Nous aborderons la facture instrumentale (production, vente et collection d’instruments de musique), qu’elle soit « traditionnelle » ou actuelle, les technologies de capture ou de reproduction du son / de la voix, ou encore l’évolution des supports (partitions, disques). Seront étudiées les innovations, la circulation des technologies et des savoirs dans les industries musicales, dans une perspective transversale.

■10h00-10h30 : Nathanel AMAR, « Hot Music » et dakou : appropriations mineures de la musique étrangère à Taïwan et en Chine (en distanciel)

■10h30-11h : Deirdre EMMONS, Les instruments de musique asiatiques du musée des Confluences

11h00-11h15 : pause-café

■11h15-11h45 : Pierre HELOU, Jiari shakuhachi et flûte traversière système Boehm ; deux instruments modernes aux antipodes de la facture instrumentale

■11h45-12h15 : Lucie RAULT-LEYRAT, Évolution typologique et survivance de la facture des harpes sur le continent asiatique

■12h15-12h45 : Cléa PATIN, Essor de la facture instrumentale de pianos au Japon : les pionniers de Yokohama

■12h45-13h00 : discussion collective de fin de panel

13h-14h30 : pause repas

Panel 2 : La musique comme art : musicalité, œuvres et esthétiques
Ce panel combinera une perspective historique à des analyses d’ordre ethnomusicologiques. Nous aborderons les questions de création, d’exécution et de réception de la musique en tant qu’objet artistique, à travers différentes époques. Cela passera notamment par l’analyse comparée de la structure des œuvres, des trajectoires individuelles des artistes, ainsi que du rôle et de la place de la musique dans les histoires nationales.

■14h30-15h00 : Jérémy CORRAL, La musique pour bande magnétique japonaise comme terrain d’interactions internationales

■15h00-15h30 : Beata KOWALCZYK, Les trajectoires transnationales des musiciens japonais : des possibilités et des limites

■15h30-16h00 : Clara WARTELLE-SAKAMOTO, Les berceuses japonaises komori uta 子守歌 : évolution d’un répertoire musical

16h00-16h15 : pause-café

■16h15-16h45 : Corrado NERI, Quand la voie de l’Autre nous ressemble : Musique Gangtai et souvenirs révolutionnaires dans le cinéma chinois contemporain

■16h45-17h15 : Sylvain DIONY – Sawada Harugin, Tsugaru-shamisen : chant et répertoire

■17h15-17h30 : discussion collective de fin de panel

Panel 3 : Musique et société : éducation, genre, politique, identité
Le panel 3 sera davantage dédié à la société contemporaine pour les aires concernées. Sur le plan de l’éducation, nous privilégierons des thèmes portant sur les agents, les lieux et les méthodes d’enseignement de la musique. Nous questionnerons ainsi les modes de transmission orale ou écrite, ainsi que les cursus professionnalisant vs pratique populaire. Nous évoquerons le rôle des institutions publiques et privées (structures étatiques, conservatoires, entreprises, associations, etc.) comme lieux de soutien, d’échanges, de création et de production musicale. Une  attention particulière sera portée aux questions de genre ainsi qu’à la dimension de soft culture et à la diffusion de la musique populaire depuis la Seconde Guerre mondiale (enka, rock, punk, K-pop…).

■17h30-18h : Guilhem CASSAGNES, Benny Soebardja, la voix rebelle de l’Ordre nouveau (en distanciel)

■18h-18h30 : Sabine TREBINJAC, La musique ouïgoure : du traditionalisme d’État au civilicide, une tradition musicale à l’agonie

SAMEDI 6 MAI

9h00-9h30 : accueil

■9h30-10h00 : Chiharu CHÛJÔ, Le long chemin de la féminisation ? Une réflexion sur la place des femmes dans l’industrie musicale japonaise

■10h00-10h30 : Marie BUSCATTO, La féminisation paradoxale du monde du jazz japonais

■10h30-11h00 : Marie LAUREILLARD, Les chansons écologiques de Chung Yung-feng et Lin Sheng-Xiang à Taiwan

11h00-11h15 : pause-café

■11h15-11h45 : Catherine CAPDEVILLE-ZENG, Les gens de musique en Chine – depuis les yuehu 乐户aux acteurs de théâtre et amateurs d’aujourd’hui, en passant par les musiciens de rock des années 1980 et 1990

■11h45-12h15 : Grégoire BIENVENU, « Rendre le rap acceptable » : légitimation, censure et négociations stratégiques dans les émissions de divertissement chinoises

■12h15-12h45 : Woojin NA, La K-Pop en tant qu’« idol-pop » et son système de production

■12h45-13h15 : Min Sook WANG, Évolution de la musique populaire trot en Corée

■13h15-13h30 : discussion collective de fin de panel

Fin du colloque

Le livre et l’écrit dans la modernisation du Vietnam du milieu du XIXe siècle aux années 1940

Couvertures d’œuvres littéraires de Lê Van Truong © photo FG
Couvertures d’œuvres littéraires de Lê Van Truong © photo FG

Une photographie de l’édition littéraire vietnamienne pendant la guerre d’Indochine
François GUILLEMOT (docteur en histoire, IAO, CNRS – ENS)

 À partir d’un corpus de 225 ouvrages édités au Viêt-Nam en 1949 et 1955 pendant l’existence de l’État associé du Viêt-Nam et en pleine guerre d’Indochine, il est possible d’enrichir notre connaissance sur l’édition littéraire de ce pays. Les informations disponibles sur chaque ouvrage édité permettent de compiler une série de données et d’envisager une histoire de l’édition de cette époque. Quelles étaient les maisons d’éditions, petites, grandes, disparues ? Que peut-on savoir de leurs catalogues ? Qui distribuait les ouvrages au nord ou au sud ? Que sait-on des librairies, des imprimeurs, des tirages, du lectorat ? Quels étaient les auteurs et autrices publiés ? Qui illustraient les couvertures des romans ? À quelle typologie et à quel le genre les ouvrages proposés étaient-ils identifiés ? À partir de ces différents éléments sur un échantillon limité, notre communication tentera d’établir une photographie de ce qu’était l’édition littéraire dans un temps de guerre civile et d’incertitudes politiques.

Photo « à la une » : Couverture du numéro 5 de « Kim Lai tạp chí » (La revue Kim Lai) daté du 7 avril 1932. Collections de la BULAC, BIULO PER.11743

Concealing Agents: Intentional Processes of Invisibilization in Modern Asian History

Scholars from the humanities and social sciences have repeatedly faced the challenge of writing history beyond the constraints and frameworks set through grand narratives and established historiographies. This conference addresses intentional processes of concealment and self-concealment with a focus on the history of Asian bondage, coercion and dependency, as this often implies unearthing and giving voice to self-concealed and invisibilized actors.

Bringing together international specialists on bondage and coercion in modern Asian history, this conference aims at furthering our understanding of how grand narratives are forged, while, simultaneously, bringing to light the potential of concealed agents to challenge these narratives.

Programme

Thursday 27

9.00-9.30 – Welcoming address: Béatrice Jaluzot, (Director of the IAO) and Mònica Ginés Blasi (IAO)

9.30-10.00 – Keynote speaker: Lisa Hellman (Pro Futura Scientia Fellow, SCAS, and Department of History, Lund University), Scales of concealment: Reflections on Asian practices, and practices on Asia

Panel I – 10.00-13.00 – Power and invisibilization

Chair and discussant: Kanako Takeda (IAO)

Christine Mae Sarito (University of Bonn—BCDSS), Invisibilising Yŏak in Public Space: A Focus on the Reign of Chosŏn Dynasty’s King Chungjong (1506-1544)

Marina Torres (Katholieke Universiteit Leuven), New light on invisible agents: collection of abandoned Chinese girls in Southeast Asia in the 18th century

Carles Brasó Broggi (Universitat Oberta de Catalunya), Malnutrition, sickness and the disappearance of young Chinese conscripts. The reports of the Medical Relief Corps in China’s war with Japan’s, 1942-1943

10.45-11.15 – Coffee break

11.15-13.00 – Discussant and open panel discussion

13.00-14.30 – Lunch break

Panel II – 14.30-17.30 – Self-concealment

Chair and discussant: Jérémy Jammes  (IAO)

Subin Nam (University of Bonn—BCDSS), The Forgotten Agent: Focusing on the ‘comfort woman’ Bae Bong-gi and her faded history

Bastiaan Nugteren (Utrecht University), Out of sight, out of mind: self-concealment and invisibilization of Chinese labor migrants in Dutch and British colonial Southeast Asia, c. 1870-1914

Emma Kalb (University of Bonn—BCDSS), Reading Along an Imperial Archive: Trajectories of Erasure of Slavery and the Enslaved in Mughal Sources

15.15-15.45 – Coffee break

15.45-17.30 – Discussant and open panel discussion

 Friday 28

Panel III – 9.30-12.45 – Archives and narratives

Chair and discussant: Claude Chevaleyre (IAO)

Ritesh Kumar Jaiswal (University of Delhi), Doubly Shadowed: The Kangany and Maistry systems of Indian migration to Ceylon, Malaya, and Burma

Mrinalini Luthra and Charles Jeurgens (Universiteit van Amsterdam), Towards an Accessibility of Care

Manuel Pavón-Belizón (Universitat Autònoma de Barcelona, Universitat Oberta de Catalunya), Chinese Women Intellectuals, Silence and Translation

10.15-10.45 Coffee break

10.45-12.45 – Discussant and open panel discussion

12.45-14.15 – Lunch break

Panel IV – 14.15-18.00 – Roundtable and free discussion

14.15-14.30 – Introduction: Mònica Ginés-Blasi

14.30-16.00 Round table and free discussion

Moderator: Pierre-Emmanuel Bachelet (IAO)

Discussants:

Lisa Hellman (Lund University)
Philippe Rygiel (ENS)
Sylvie Demurger (IAO)
Martin Dusinberre (University of Zurich)
Michael Zeuske (University of Bonn—BCDSS)

16.00-16.30 Coffee break

16.30-17.00-Afterword

Stephan Conermann (University of Bonn—BCDSS)

17.00-18.00 – Final free discussion and conclusion

Marc Riboud, cent ans, cent photos : de Lyon à la Chine

Légende de la photo : Fenêtres d’antiquaire, Pékin, Chine, 1965 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG
Fenêtres d’antiquaire, Pékin, Chine, 1965 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG

A l’occasion de l’exposition Marc Riboud :100 photographies pour 100 ans au musée des Confluences de Lyon du 24 février au 31 décembre 2023, une conférence rassemblera Xiao Quan, photographe et célèbre portraitiste qui a été l’assistant de Marc Riboud en Chine de 1993 à 1996, et Jean Loh, curator de la rétrospective Marc Riboud en Chine de 2010 à 2013, afin de retracer le parcours du photographe humaniste amoureux de la Chine et enfant du pays lyonnais au moyen d’une projection de ses images iconiques et d’instantanés de lui-même en Chine saisis par son plus proche collaborateur durant les années de réforme et d’ouverture.

Marc RIBOUD (1923-2016)

Marc Riboud, né en 1923 à Lyon, commence à prendre des photos à l’Exposition Universelle de Paris en 1937 avec un Kodak Vest-Pocket offert par son père pour ses 14 ans. En 1944, il participe aux combats dans le Vercors. De 1945 à 1948, il fait des études d’ingénieur à l’École Centrale de Lyon et travaille en usine. À l’issue d’une semaine de congé prise pour aller photographier, il ne retourne pas à l’usine et décide de se consacrer à la photographie. En 1953, il monte sur la tour Eiffel et réalise « Le Peintre de la Tour Eiffel », photo qu’il montre à Robert Capa qui l’aide à la vendre au magazine Life : ainsi fait-il son entrée aux côtés d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa à la prestigieuse agence Magnum. L’année suivante, Capa l’envoie à Londres « pour voir les filles et apprendre l’anglais ». Il n’apprend pas l’anglais mais photographie Leeds, ville qu’il sera invité à revenir photographier en couleur 50 ans plus tard. En 1955, au volant d’une Range Rover, il traverse la Turquie et l’Iran pour arriver en Afghanistan, puis il s’arrête un an en Inde pour photographier ce pays ainsi que le Népal. Dès janvier 1957 il gagne la Chine et photographie Mao de près. L’un des rares photographes occidentaux à avoir documenté la Chine pendant les trois décennies du maoïsme, il la photographiera au cours de 22 voyages de 1957 à 2010. Dans les années 1960, il couvre la lutte pour l’indépendance en Algérie et en Afrique noire. En 1963, en pleine crise des missiles de Cuba et de l’assassinat du président Kennedy, il réalise le portrait de Fidel Castro. Entre 1968 et 1969, il réussit à entrer au Sud et Nord Vietnam, où il photographie Hô Chi Minh. Il a publié de nombreux livres, dont Les trois bannières de la Chine, Huang Shan, Les Montagnes célestes, Angkor : Sérénité bouddhique, Quarante ans de photographie en Chine, Demain Shanghai et Vers l’Orient, recueil qui a reçu le Prix Nadar.

XIAO Quan (photo Studio Harcourt)

Né en 1959 à Chengdu, Xiao Quan est le photographe portraitiste le plus connu et le plus célébré de Chine. En 1990, il a réalisé l’ultime portrait de l’auteure taïwanaise Sanmao avant sa disparition, ce qui lui a valu de devenir le photographe préféré de la danseuse Yang Liping qu’il va photographier pendant plus de vingt ans. De 1993 et 1996, il a été assistant de Marc Riboud lors de ses voyages en Chine. En 1996, il publie son best-seller Notre génération, qui regroupe une centaine de portraits d’écrivains (Yu Hua) et poètes (Bei Dao), de musiciens (Tan Dun) et chanteurs (Cui Jian), acteurs (Jiang Wen) et actrices (Gong Li) et réalisateurs (Zhang Yimou, Chen Kaige). Son livre sera publié par Rizzoli en Italie sous le titre When it all began. Depuis les années 2014, il réalise des portraits de gens ordinaires dans diverses villes : Chongqing, Pékin, Canton, etc. Il a été exposé à maintes reprises en Chine et à l’étranger, notamment à Taiwan, en France, en Italie, en Birmanie. Son livre I follow my teacher Marc Riboud publié en chinois est épuisé : il prépare une édition bilingue pour 2023 pour célébrer le centenaire de Marc Riboud.

Journées d’études : Les mondes chinois en images

À l’occasion du Nouvel An chinois et dans le cadre du Focus Anthropologie du CNRS, les Assises de l’Anthropologie Française des Mondes Chinois (AAFMC) organisent une journée et demie de projection-débat de films ethnographiques sur la société chinoise, autour de trois thèmes : les savoirs techniques traditionnels de la Chine actuelle ; les ritualités taoïstes d’aujourd’hui ; les populations minoritaires dans les films historiques chinois de propagande. Projections suivies d’échanges avec : Kenneth Dean, Patrice Fava, Aël Thery, Caroline Bodolec, Catherine Capdeville, Adeline Herrou.

Contact : aafmc.anthropologie@gmail.com

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Un monastère de bénédictines au centre du Viêt Nam (1954-1975) : une mission à la croisée des cultures et des représentations

Un monastère de bénédictines au centre du Viêt Nam (1954-1975) : une mission à la croisée des cultures et des représentations

Alors que sont signés les accords de Genève qui scellent la partition du Viêt Nam au 17e parallèle, cinq sœurs de la communauté des Bénédictines de Sainte Bathilde de Vanves sont envoyées sur les hauts-plateaux montagneux du Centre, à Buôn Ma Thuôt, avec la mission de fonder un monastère. En septembre 1975, les deux dernières sœurs occidentales de cette communauté sont expulsées. Quelle forme a pu prendre ce projet de monastère bénédictin situé sur un des nœuds stratégiques de la Guerre du Viêt Nam ? Quelles étaient leurs relations avec les populations autochtones, les autres congrégations missionnaires ? Quels ont été les multiples défis rencontrés par ces sœurs durant ces années missionnaires ?

Retransmission de la conférence en direct sur YouTube (lien privé envoyé sur demande, en faire la demande par mail à  contact@irfa.paris

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