Les sources d’archives portant sur les relations entre le Vietnam, la France et les pays francophones

Le workshop intitulé « Les sources d’archives portant sur les relations entre le Vietnam, la France et les pays francophones » (Nguồn tài liệu lưu trữ về quan hệ hợp tác Việt Nam, Pháp và các nước Pháp ngữ) s’intéresse aux archives publiques, mais aussi privées, conservées dans différents pays, portant sur cette thématique.

Celle-ci est certes l’objet de nombreuses recherches portant sur les différents aspects de l’histoire, politique et militaire, diplomatique et culturelle. Cependant, au-delà des travaux de chercheurs au Vietnam ou en France, il manque une approche globale visant à faire connaître les différentes sources d’archives, leur importance pour la recherche, ainsi que leurs conditions de conservation et d’accès. L’histoire même des recherches portant sur les relations entre le Vietnam et la France mérite d’être étudiée. Entre l’ouvrage de référence publié en 1967 par l’historien Nguyen The Anh, Bibliographie critique sur les relations entre le Viêt-Nam et l’Occident et le Guide de recherche dans les sources de l’histoire commune de la France et du Vietnam (1862-1954) mis en ligne en août 2023 sur un portail commun des Archives nationales de France et de Vietnam, la nature de ces relations et les modalités de leur fonctionnement ont connu beaucoup de changements.

Ce workshop vise à présenter d’une manière systématique les principales sources d’archives concernant l’histoire des relations entre le Vietnam, la France et des pays francophones. Il s’agit d’avoir une vision globale de leur contenu, leurs volumes, ainsi que leur conversation et leurs conditions d’accès. Une vingtaine d’intervenants vietnamiens et internationaux, dont des doctorants, est attendue. Une sélection de communications sera publiée, en fonction des moyens obtenus, sous forme papier, mais aussi en ligne dans l’esprit des sciences ouvertes afin de favoriser l’accès aux résultats de la recherche.

Ce workshop s’inscrit dans la continuité des manifestations scientifiques co-organisées ces dernières années par l’USSH et l’Institut de recherches asiatiques (IRASIA, UMR 7306, CNRS-AMU) dans le cadre de l’accord de coopération signé en 2017 entre la VNU Hanoi et Aix Marseille Université, et renouvelé l’année dernière en 2022. Il a pour objectif de faire rencontrer les chercheurs vietnamiens et francophones qui vont communiquer sur leurs travaux de recherche en cours, mais également échanger sur les projets de coopération en cours.

En effet, l’USSH est chargée par la VNU Hanoi d’élaborer un projet de formation aux métiers des archives et du numérique au niveau de master avec un consortium francophone comprenant les Archives nationales d’Outre-Mer (ANOM), Aix Marseille Université (AMU), Ecole française d’Extrême- Orient (EFEO) et Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE). Pour l’USSH, ce projet de formation master au standard international est d’une grande importance, répondant notamment aux besoins du milieu professionnel des archives et des différentes administrations vietnamiennes.

Les processus de modernisation à Huế et dans le centre du Vietnam à l’époque française

La société vietnamienne au début du XXe siècle est marqué par un double mouvement : d’une part, les lettrés modernistes appellent à boycotter les concours mandarinaux, d’autre part, les candidats aux concours espèrent encore le retour triomphal au village en cas de réussite. En lisant les Nouveaux Ecrits (Tân Thư), des textes en chinois présentant le Meiji au Japon, la situation en Chine, et surtout la civilisation occidentale avec les philosophes emblématiques dont Montesquieu et Rousseau, les modernistes ont compris les limites de la lutte traditionnelle anti-française et ont suivi avec enthousiasme l’exemple de modernisation japonaise et chinoise. Ils préconisent les actions dans les domaines divers, selon les principes giáo dân, dưỡng dân, tân dân (éduquer le peuple, l’enrichir et le moderniser) : l’éducation avec l’ouverture d’écoles privées, l’économie avec la création de coopératives et d’entreprises d’artisanat, mais aussi la modernisation des mœurs, comme couper les cheveux ou porter des vêtements à l’occidental taillés dans des tissus de fabrication vietnamienne. Cet élan de modernisation porté par une partie de l’élite vietnamienne s’inscrit dans un contexte régional marqué en 1905 par la victoire du Japon sur la Russie et par une nouvelle politique d’association décidée par la France également en début 1905, cela jusqu’en 1908 quand le changement de conjoncture arrête net les initiatives modernistes. Le programme moderniste est motivé par la prise de conscience du retard du Viêtnam et par la volonté de prendre en main sa destinée, en sonnant le « réveil » pour inciter les lecteurs à passer à l’action. Que veut dire cependant « moderniser » ? Les Vietnamiens n’ont-ils pas à leur disposition des ressources propres ? Dans ce Vietnam colonisé depuis un demi-siècle, quel rôle la France a-t-elle joué ?

Des recherches s’écartant de la perspective de la lutte pour l’indépendance mettent en évidence la complexité de la modernité au Vietnam.

Les idées des Lumières, notamment celles de Rousseau, ont été popularisées surtout par les lettrés modernistes qui ont lu des textes en caractères chinois, et non pas par les nouveaux diplômés qui pouvaient pourtant le lire en français. Dans le contexte d’une société coloniale, le « contrat social » (khế ước xã hội), mais peut-être surtout l’idée du peuple souverain (dân quyền, droits du peuple), trouvent sans doute un écho particulier dans cet ancien Đại Nam divisé par le pouvoir colonial en trois « pays » aux régimes distincts (Annam et Tonkin sous le régime du protectorat, Cochinchine en tant que colonie).

Les acteurs étaient également très divers, avec leurs intérêts propres, mais leurs actions pouvaient entrer en synergie à un moment donné. Les lettrés modernistes ont critiqué très sévèrement les mandarins, mais la réalité est qu’une partie du mandarinat, notamment le haut mandarinat du Tonkin (nord Vietnam) a joué rôle actif dans la modernisation du système d’enseignement et de formation du personnel mandarinal. Des nouveaux diplômés témoignaient également d’un grand dynamisme en faveur de la modernisation : Nguyễn Văn Vĩnh a démissionné de son poste du secrétaire-interprète et a lancé le premier journal en vietnamien à Hanoi ; la Société d’Enseignement mutuel du Tonkin a organisé des conférences et des cours gratuits.

Il est important de souligner le fait que malgré le mot générique Duy Tân (modernisation), il s’agit non pas d’un mouvement bien structuré, mais plutôt d’une sensibilité partagée par des gens très différents – lettrés de formation classique, nouveaux diplômés francophones, mandarins réformateurs, entrepreneurs – unis dans l’idée de faire évoluer leur pays, dans la perspective de retrouver un jour la maîtrise de son destin collectif.

Les actions modernistes se déployaient également en différents lieux. Bien que l’emblématique école Đông Kinh Nghĩa Thục, fondée à Hanoï au nord en 1907, est la plus connue, les initiatives ont été nombreuses ailleurs, notamment dans le centre. Le célèbre poème pour « réveiller » ceux qui sont encore égarés dans la préparation des concours mandarinaux, circulait dès 1905 et dans le centre. Dans un village proche de Đà Nẵng, un village dirigé par un « maire » moderniste appliquait des idées du lettré Phan Châu Trinh, en ouvrant une école, créant une bibliothèque et encourageant l’artisanat.

Nous nous interrogeons sur la place de Hué, en tant que capitale impériale, et la région du centre (Annam à l’époque coloniale), dans ce mouvement de modernisation (canh tân, duy tân) qui a transformé le pays et a donné naissance au Vietnam moderne. Hué était-elle toujours à l’image d’une Cour royale conservatrice et d’une belle capitale « endormie » ?

Des indices montrent que Hué s’est montrée très dynamique et innovante à différents moments de l’histoire, notamment à la fin du XIXe siècle – début du XXe siècle, quand les nouvelles du Meiji japonais et du néoconfucianisme chinois sont arrivées en Indochine française.

Prenons l’exemple de l’empereur Thành Thái qui a régné de 1889 à 1907. Peu connu en réalité et souffrant d’une mauvaise réputation, il se montrait tout à fait ouvert à la civilisation de l’Occident. L’empereur possédait par exemple une grande bibliothèque riche de Nouveaux Ecrits à laquelle quelques personnes avaient l’accès. Avant d’être contraint de céder son trône à son fils de sept ans, choisi par les autorités coloniales pour accompagner le changement social sous le nom de règne de Duy Tân (écrit avec les mêmes caractères chinois anciens que le Meiji), il semble avoir favorisé un certain nombre d’actions en faveur de la modernisation de la société vietnamienne. Il reste beaucoup à faire pour comprendre les idées de cet empereur déchu et celles de son environnement, ainsi que les années qui ont suivi. Malgré son retrait du pouvoir, le règne de son fils, du 5 septembre 1907 au 10 mai 1916, n’était pas entièrement maîtrisé par le pouvoir colonial, comme le montre la révolte du jeune empereur Duy Tân en plein Première Guerre mondiale, quand les troupes des militaires et engagés vietnamiens quittaient l’Indochine pour la France.

Bien que cela peut paraître paradoxal, c’est à Hué, capitale impériale et lieu réputé pour être le plus conservateur, qu’on pouvait trouver ces écrits appelant au changement. Phan Bội Châu y a rencontré, aux alentours de 1900, Nguyễn Thượng Hiền qui « conservait en secret les écrits de Nguyễn Lộ Trạch qu’il n’avait jamais montré à personne ». Phan Chau Trinh, reçu vice-docteur en 1901, était moins présent à son bureau au ministère des Rites que d’aller « lire les nouveaux écrits, discuter avec Đào Nguyên Phổ et Thân Trọng Huề ». Quant à Huỳnh Thúc Kháng, c’est seulement à l’âge de vingt-neuf ans et après avoir été reçu docteur qu’il a eu l’occasion de lire des Nouveaux Ecrits chez Đào Nguyên Phổ. Convaincu par ces lectures, il a pris la voie de la modernisation en refusant la carrière mandarinale toute tracée.

D’après le témoignage de Huỳnh Thúc Kháng, c’est autour de 1903-1904 que les idées commencent à circuler plus ouvertement. Les grands rassemblements pendant les périodes de concours littéraires favorisent d’ailleurs la transmission des idées. Quand des milliers de lettrés se rassemblent au même moment à un même endroit, une nouvelle peut se propager à une grande vitesse. Il faut également garder à l’esprit qu’autour des lettrés existe tout un monde de serviteurs (qui portent leurs équipements) et de marchands (de papier, d’encre, d’auberges, etc.). Par ces relais, une information peut se diffuser dans d’autres groupes sociaux. Dans une société ignorant encore la presse écrite, le rôle de la báo miệng (presse orale), est essentiel.

Plus tard, les imprimeries et les maisons d’édition ne manquent pas à Hué. C’est à Hué même que Huỳnh Thúc Kháng, après avoir purgé sa peine par suite de sa condamnation en raison des manifestations anti-impôt en 1908, a choisi de fonder l’emblématique journal Tiếng Dân (La Voix du peuple). Đào Duy Anh y a créé sa maison d’édition et a diffusé des idées marxistes dans ses dictionnaires. Ces faits sont bien connus, mais il nous manque des études plus fines, en exploitant notamment des archives publiques désormais plus accessibles, mais aussi des archives familiales ou celles des lieux comme des pagodes et églises.

Les initiatives dans le domaine de l’économie sont également une thématique prometteuse. Contrairement à la philosophie confucéenne qui met le « commerçant » en bas de la société, la création de nombreuses sociétés commerciales à Hué même ou dans la région révèle un changement profond de mentalité. Les alliances matrimoniales entre différents milieux peuvent être par exemple un signe du temps : le mariage d’un membre de la famille royale avec une jeune femme d’une grande famille commerçante peut être révélateur de l’adoption des idées et des pratiques très différentes de ce qui avait cours dans le passé. La formation professionnelle est également une nouveauté : enseigner un métier dans un cadre de scolaire n’allait pas de soi, les villages de métiers gardaient leur secret de fabrication. Le roi Thành Thái semble être à l’origine de la création d’une école professionnelle avec l’objectif de valoriser des métiers traditionnels. C’est d’ailleurs à Hué que Mme Đạm Phương a créé son association Nữ công Học hội qui enseigne les arts ménagers et encourage les femmes à devenir autonomes économiquement afin de lutter pour leurs droits et leur liberté. Des foires d’exposition de produits artisanaux à Hué et dans d’autres centres urbains du centre sont également d’un grand intérêt pour étudier d’une façon approfondie les chemins empruntés par les partisans de la modernisation.

Dans ce processus, il convient de garder à l’esprit l’existence des intermédiaires venant d’ailleurs : des Chinois (propriétaires de bibliothèque ou de librairie), des Français (la Ligue des Droits de l’Homme par exemple). Il faut également se poser la question sur les liens personnels réels qui peuvent se lier entre des catholiques et des non catholiques, malgré l’isolement possible de la communauté catholique en situation coloniale par rapport à d’autres fractions dans la société. Ceux qui voyaient d’un lieu à un autre, emmenant avec eux des écrits et imprimés, des objets, peuvent être ces intermédiaires favorisant la modernisation. Un fondeur, Ishikawa Kunichiro Minao (1871-1945), ancien étudiant de l’Université des beaux- arts de Tokyo, a pu jouer ce rôle. Appelé par le gouvernement général de l’Indochine en 1901 pour enseigner dans une école professionnelle au Tonkin, il a fait sa carrière en Indochine, produisantaussi bien des œuvres monumentales pour les commandes publiques (restauration/copies d’œuvres vietnamiennes en bronze) que pour les particuliers (bibelots décoratifs), formant ainsi à son art ses apprentis vietnamiens. Une étude fine serait d’un grand intérêt pour mieux connaître ces circulations d’idées, de pratiques et de techniques. Une autre figure qui a marqué l’histoire de Hué comme celle du Vietnam en général : le bulletin Les Amis du Vieux Hué créé par le père Léopold Cadière, en s’intéressant à la culture de Hué, contribue à constituer un patrimoine vietnamien.

Le colloque international Les processus de modernisation à Hué et dans le centre du Vietnam à l’époque française ouvre en 2023 une série de colloques internationaux qui s’intéressera, dans les éditions suivantes, aux questions franco-vietnamienne à l’époque française. Ce premier colloque se propose de se concentrer sur la modernisation (canh tân, duy tân) et des réformes dans des différents domaines à Hué et dans le centre du Vietnam, en relation avec les événements au nord et au sud. La limitation géographique est volontaire, afin d’encourager des recherches approfondies qui apporteraient de nouvelles connaissances. Les sujets suivants, non exclusifs, seront abordés :

– diffusion des idées en faveur de la modernisation : concepts, acteurs, lieux, réseaux, circulations ;
– activités en faveur de l’éducation féminine et le rôle de la femme dans la société ;
– initiatives dans les domaines de l’éducation et de formation professionnelle ;
– initiatives dans le domaine de l’imprimerie, de l’édition et de la presse ;
– modernité dans la pensée économique, politique, religieuse ;
– migrations et mouvements de population, notamment les recrutements de soldats et d’ouvriers pendant la Première guerre mondiale et leur retour ;
– recherche et patrimonialisation de la culture de Hué.

Ce colloque s’inscrit dans les manifestations organisées en 2023 à l’occasion du 50e anniversaire des relations officielles entre la France et le Vietnam.

Organisateurs :

Nguyen Phuong Ngoc
MCF HDR études vietnamiennes, IRASIA (UMR 7306)
thi-phuong-ngoc.nguyen@univ-amu.fr

Frédéric Roustan
MCF histoire, IAO (UMR 5062)
f.roustan@univ-lyon2.fr

Tran Dinh Hang
Chercheur, Institut de la Culture (Ministère de la culture, Vietnam)
navidongkhanh@gmail.com

Post-Western Sociology. From East Asia to Europe

This conference is organized to celebrate and debate around the publication in March 2023 of Laurence Roulleau-Berger, Li Peilin, Kim Seung Kuk, ShujiroYazawa (eds) Handbook of Post-Western Sociology. From East Asia to Europe. This event aims to become a touchstone in a larger and international debate on what makes a global sociology intense scientific cooperation and intellectual exchange on non-hegemonic sociology. It will close a period of intense scientific cooperation and intellectual exchange on non-hegemonic sociology. 

Reconstructing East Asian Modern Cultural History

The workshop “Reconstructing Modern East Asian Cultural History. A Dialogical Approach” is aimed at stimulating a new interdisciplinary and international cooperation on the question of modernity in East Asia through a cross-cultural lens. We highlight the construction of multiple knowledges (in fields such as administration, art, visual cultures, literature, medicine, music, political thought, urbanity), addressing the ways in which life in a “hybrid cultural community” is mutually shaped in the context of modernity, empire and globalization, and this beyond a one-sided approach to what “savants” do to “others”. The focus on intercultural dynamics brings a particular attention to the development of networks enabling actors to mobilize and share diverse resources, as well as to processes of rationalization and internalization in the framework of “laboratories of modernity”.

Nuit, fantômes et divinités à Taïwan

Li Ang, née en 1952, est considérée, depuis la parution en 1983 de l’œuvre qui la rendit célèbre, Tuer son mari (Shafu), chef-d’œuvre de la littérature féministe, comme une des romancières taïwanaises les plus marquantes. La transgression des normes caractérisant son écriture fictionnelle lui a attiré à la fois louanges et violentes attaques. Plusieurs fois publiée dans des traductions en français, Li Ang observe d’un regard acéré sur la la vie sociale à Taiwan aujourd’hui et cherche à y démêler les relations qu’entretiennent sexualité et pouvoir. Sont déjà parus en France, notamment : Tuer son mari (Shafu 殺夫 , 1983, trad. Alain Peyraube et Hua-Fang Vizcarra, sous le titre la Femme du boucher, Flammarion, 1992, puis sous le titre Tuer son mari, Denoël & d’ailleurs, 2004), Nuit obscure (An ye 暗夜 , 1985, Actes Sud en 2004, trad. Marie Laureillard), le Jardin des égarements (Miyuan 迷園, 1990, Picquier 2003, trad. André Lévy), Le Banquet aphrodisiaque (Yuanyang chunshan 鴛鴦春膳 , 2007, Asiathèque, 2023, trad. Coraline Jortay).

Cette séance prendra la suite des journées Spotlight Taïwan organisées par Gwennaël Gaffric à Lyon 3 du 4 au 6 octobre :https://iett.hypotheses.org/1084

Une dédicace sera organisée le samedi 7 octobre à la Fnac Bellecour (horaire non encore précisé) et le dimanche 8 octobre au salon de thé Maokong (16h-17h, à confirmer) pour la parution du Banquet aphrodisiaque à l’Asiathèque : https://www.fnac.com/a18378118/Ang-Li-Le-banquet-aphrodisiaque

Culture matérielle du religieux : des objets de piété aux objets de consommation courante

Les approches sémiologiques et sociologiques, prolongées par des travaux d’anthropologues, et d’historiens de la période moderne et contemporaine, ont creusé un sillon prometteur pour une analyse des sociétés à partir des objets qu’elles consomment. Parmi ces derniers figurent ce que l’on pourrait qualifier d’objets religieux par destination. Dénués, à priori, de toute sacralité, ces biens de consommation courante deviennent, dans certains contextes, des marqueurs de religiosité à l’origine d’un prosélytisme consumériste et de querelles de nature religieuse. En parallèle, les objets de dévotion plus directement liés aux supports matériels de la piété individuelle, étudiés déjà dans le contexte des travaux sur la religion dite populaire, connaissent un renouveau d’intérêt dans la perspective de travaux sur la culture matérielle du religieux. L’Association française d’histoire religieuse contemporaine (AFHRC) souhaite ainsi explorer les enjeux de la culture matérielle pour l’histoire religieuse contemporaine lors de sa journée d’étude annuelle.

Comité scientifique

Marie-Emmanuelle Chessel (CNRS, CSO, Sciences Po Paris), Charlotte Courreye (Jean Moulin Lyon 3), Michel Fourcade (Paul-Valéry Montpellier 3), Frédéric Gugelot (Reims Champagne-Ardenne), Frédéric Le Moigne (Bretagne occidentale), Marie Levant (École française de Rome, Ifpo), Rémy Madinier (CRNS-Institut d’Asie Orientale), Charles Mercier (Bordeaux), Isabelle Saint-Martin (EPHE – PSL), Olivier Sibre (Institut Georges Pompidou), Claire Toupin-Guyot (IEP de Rennes), Nina Valbousquet (École française de Rome).

Programme 

Accueil : 9h

Introduction par Isabelle Saint-Martin (EPHE-PSL, Histara) et Rémy Madinier (CNRS-IAO, ENS de Lyon)

Imaginaires ludiques et objets religieux (9h30 – 12h)

Élisabeth Lusset (Lamop–CNRS, université Paris 1) : Les « boîtes de nonne » : de l’objet de piété à l’objet de collection.

Danièle Alexandre-Bidon (CRH-EHESS & CRAHAM-université de Caen) : Dans les petits papiers du Bon Dieu : la culture matérielle religieuse de l’enfance à travers les illustrés de bandes dessinées (1930-1980)

Nicole Pellegrin (IHMC-CNRS, ENS Paris) : Poupées (en) religieuses. Pour un recensement en devenir

Marie-Laure Boursin (Idemec, Aix-Marseille université) : Penser les religiosités sunnites en France par les matérialités. L’exemple des poupées dites islamiques

Anne Ruolt (GSRL) : Les tirelires missionnaires et leurs figurines dans les mondes protestant et catholique

Discussion animée par Philippe Boutry

*** Pause déjeuner ***

Du sacré au profane et retour : objets en mouvement (13h30 – 15h30)

Laurence Faure (CRESEM, Perpignan & Centre Max Weber, Lyon 2) : La culture matérielle dans le judaïsme en France et en Angleterre au XXIe siècle : entre tradition et modernité

Jean de Saint Blanquat, (IREL, EPHE-PSL) : « La coupe est vide » : les tribulations post-Covid d’un objet rituel protestant

Camila Arêas (LCF-université de La Réunion) : Les objets faitiches comme techniques du (faire/vouloir) croire sur la culture matérielle de l’évangélisme néo-pentecôtiste

Discussion animée par Claude Prudhomme

L’objet, vecteur de marchandisation du religieux (15h30 – 17h)

Suzanne Martin-Vigier (CRIHAM – université de Poitiers) : Le chapelet au XIXe siècle : production, diffusion, dévotion.

Marie Vergnes (Histara – EPHE) : Le commerce des objets de piété latins au Saint-Sépulcre (XIXe-XXe siècles.

Emilie Fievet (université Toulouse II – Jean Jaurès) : La marchandisation des Ogoh-ogoh balinais, objet sacré, objet profane

Fernand Idriss Mintoogue (IMAF-EPHE) : Des « manteaux » aux mille propriétés vertus : marchandisation de la protection anti-sorcellaire en contexte pentecôtiste (Yaoundé, Cameroun)

Thierry Maire (Centre Maurice Halbwachs – EHESS) : Stickers divins et vitrines religieuses : espace public et présence religieuse évangélique au Guatemala 

Table ronde animée par Rémy Madinier

Assemblée Générale de l’AFHRC (17h-17h45)

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Culture matérielle du religieux : des objets de piété aux objets de consommation courante

Conférences du Professeur A. Omura

L'état actuel des réformes du droit de la famille au Japon : questions liées à l'autorité parentale après le divorce
Conférence 1 : vendredi 15 sept., 14h
 
Promulgation et abolition de la loi  japonaise de 1897 sur la promotion des exportations directes de soie grège
 
La loi de promotion des exportations de soie de 1897 fut éphémère : à peine un an après sa promulgation, elle fut abrogée. Nous exposerons son avènement, son importance économique pour les relations entre le Japon et Lyon et les circonstances politiques qui ont conduit à sa réalisation puis à sa disparition, dans le contexte de la renégociation des traités inégaux. 
 
Cette intervention sera précédée d’une présentation de Béatrice Jaluzot, Les relations entre Lyon et l’Extrême-Orient autour de la soie à la fin du XIXe siècle
 
 
Conférence-débat 2 : mercredi 20 sept., 9h30
 
L’état actuel des réformes du droit de la famille au Japon : questions liées à l’autorité parentale après le divorce
 
Après près de trente ans de stagnation, le droit japonais de la famille fait l’objet d’intenses réformes. Au cours de ces dix dernières années, ont été réformés : le droit des successions, notamment le statut du conjoint survivant, l’adoption spéciale (plénière) en vue d’améliorer la protection contre les violences intra-familiales, le pouvoir de punir qui a disparu, la présomption de paternité. Après être brièvement revenus sur ces points, notre propos se concentrera sur les réformes en cours qui concernent les conséquences du divorce sur les relations familiales. 
 
Discutantes : Isabelle Konuma, Inalco ; Christine Bidaud, Université Jean Moulin Lyon 3

Colloque – Esthétiques des modes d’autorité : culture matérielle et scénographie du pouvoir en Asie orientale (XVIIIe-XXIe siècles)

L’objectif de ces deux journées d’étude est de proposer une réflexion globale à propos des modalités selon lesquelles l’autorité se légitime et se donne à voir au sein de l’ensemble de l’aire constituée par l’Asie Orientale. À cet effet, seront analysés divers marqueurs (vêtements, cérémonies, drapeaux, musées, films, musiques, tableaux, etc.) qui viennent illustrer ou compléter les expressions habituelles du politique (écrits, discours, etc.) depuis le niveau local jusqu’à celui de l’État-nation.

Cette rencontre vise ainsi à identifier la constitution, l’évolution et la mise en scène de ces symboles nationaux et/ou régionaux, ainsi qu’à repérer les circulations infra et extra asiatiques ayant inspiré ces grammaires non écrites du pouvoir.

Jeudi 1er juin

9h-9h30 Accueil, mots de bienvenue
Claude Chevaleyre (CNRS – IAO), Directeur adjoint de l’IAO

9h30-11h30 Langage vestimentaire du pouvoir
Président de séance : Jérémy Jammes

 Rémy Madinier (CNRS, IAO) – De la jubbah de Diponegoro au baju muslim de Jokowi : les usages politiques du vêtement en Indonésie

Assez tôt réglementé par un colonisateur avide de classifications ethniques et régionales, le vêtement a très tôt dit beaucoup du rapport à l’autorité dans les Indes néerlandaises. Procédant dans un premier temps d’une appropriation sélective de la culture matérielle coloniale puis d’un retournement de son esthétique, le nationalisme indonésien s’est progressivement construit une identité vestimentaire dépassant l’apartheid des apparences imposé par les Hollandais. À partir des années 1920, le costume national se fixe progressivement autour d’un accessoire masculin, la Peci. Après l’indépendance, cette toque de velours noire demeurera un invariant du vêtement présidentiel, accompagné, selon les périodes, de références militaires, populaires ou islamiques.

 Samia Kotele (IAO) – Historicité du genre en Indonésie : quand l’autorité des modes esthétiques dit le pouvoir (début xxe siècle à nos jours)

La chute du régime autoritaire de Soeharto ainsi que l’islamisation croissante des corps dans l’espace public en Indonésie ont suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. L’analyse de ces phénomènes esthétiques à travers le prisme des compatibilités ou dichotomies opposant « l’Orient » à « l’Occident » tend à survoler l’histoire du corps féminin discipliné. Les objets de la culture matérielle constituent une ressource précieuse pour étudier l’autorité des normes esthétiques. Produits d’accoutumances ou d’hybridations culturelles, ces modes esthétiques et leur reconnaissance sociale laissent apparaître non seulement l’historicité du genre mais également du pouvoir. Le vêtement apparaît comme un marqueur central de l’autorité. À cet égard, la différenciation entre colons et indigènes se pense en premier lieu par l’inscription de l’altérité dans les systèmes esthétiques. L’imposition de la blouse pour couvrir la poitrine des femmes balinaises s’inscrivait par exemple dans le rôle civilisationnel du colonisateur. Lors de l’indépendance, les codifications de l’uniforme des épouses des dirigeants firent du corps féminin l’ultime symbole de la nation, attribuant aux femmes le rôle de « reproductrices biologiques de la nation ». Les différents projets politiques s’inscrivent ainsi dans les modes esthétiques où les normes de beauté expriment différentes loyautés nationales, confessionnelles, culturelles permettant ainsi de tracer les frontières entre le « nous » et l’« autre ». À travers une étude de la culture matérielle, nous aborderons dans une approche historique à la fois le hiatus entre les discours et les pratiques des modes esthétiques du corps féminin, et les formes de réappropriation à l’œuvre.

10h45-11h Pause-café

 Emmanuel Lincot (Institut catholique de Paris, IRIS) – Langage vestimentaire et langage des corps en Chine, depuis le mouvement du 4 mai 1919 jusqu’à nos jours : sémiologie des formes et symbolique du pouvoir

Comment est-on successivement passé, en un siècle, de la robe du lettré au costume cravate, à la robe qipao puis à l’uniformité unisexe du costume Mao ? Que nous dit Jiang Zemin en arborant une veste en soie se réclamant d’une tradition qui n’en est pas moins totalement réinventée à l’occasion du sommet de l’APEC en 2001 ? Que nous disent les choix de ces signes, dans la posture des corps comme dans la virilité du discours, ou dans le rapport au monde et à l’histoire ? Loin de relever de l’anecdote, c’est une histoire culturelle et une anthropologie du pouvoir qu’il nous reste à écrire par ce biais pour comprendre les mutations de la société chinoise durant près d’un siècle.

 Déjeuner

14h00-15h00 Visite des collections de l’IAO

15h00-15h15 Pause-café

15h15-16h30  Propagande filmique
Président de séance : Arnaud Nanta

Corrado Néri (Université Jean Moulin Lyon 3) – Le drapeau et la légitimité : les superproductions filmiques chinoises entre propagande et spectacle

En Chine, comme ailleurs, le cinéma raconte des histoires ; principalement. Il existe, il est vrai, des fenêtres ouvertes sur d’autres horizons, à savoir le cinéma expérimental, d’avant-garde, de recherche – des choix qui se concentrent sur les spécificités du médium, comme le montage ou les visuels, et qui recherchent des sens et des affects au-delà (avant ou après ou entre les deux) du message souvent inhérent à l’évolution personnelle des protagonistes. Mais, comme ailleurs, le cinéma en Chine est avant tout narratif et il doit répondre aux diktats étatiques qui régulent son discours. La situation de la Chine est toutefois spécifique dans la mesure où la structure éléphantesque de la production cinématographique oscille entre la nécessité de créer un soft power à usage interne et externe, tout en restant strictement contrôlée par le Bureau du cinéma. En analysant la récurrence quasi obsessionnelle du drapeau national dans des films aux récits contemporains comme Wolf Warrior (titre repris par les journalistes pour parler des faucons de l’administration Xi) ou My People, My Country, ou encore les films sortis à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, nous verrons comment ces œuvres racontent la maîtrise technique absolue de l’industrie chinoise, laquelle produit aujourd’hui des blockbusters impeccables ; elles racontent aussi la capacité du gouvernement à fédérer les professionnels les plus importants de l’industrie (acteurs et actrices, réalisateurs et réalisatrices) uni.es dans un chœur synchrone de fierté et d’orgueil.

 Jérémy Jammes (IEP de Lyon, IAO) – Les Échos du Minaret : un film-monument pour un micro-État musulman brunéien

Trois mois après le couronnement du jeune sultan Haji Hassanal Bolkiah, le premier long métrage de Brunei, Gema Dari Menara (1968), est présenté au public. La trame de ce mélodrame familial, commandité par le Département des Affaires religieuses, repose sur une série de tensions au sein d’une classe moyenne émergente, mettant dos à dos une piété musulmane conservatrice et la sécularisation/occidentalisation du Brunei, alors sur le chemin de l’indépendance (1984). Cette présentation reviendra sur le scénario et les personnages de ce film de propagande qui balise un moment clef dans l’histoire socio-économique du pays et la mise en place de son idéologie d’État.

Vendredi 2 juin

9h20-12h Cultures matérielles et spirituelles du politique
Présidente de séance : Claire Vidal

Marie-Sybille De Vienne (INALCO, CASE) – Impermanence du roi, pérennité du royaume : les funérailles de Rama IX en octobre 2017

Les funérailles royales mettent en scène un rite de passage transformant le roi défunt en un esprit tutélaire protecteur du royaume et de la dynastie. Effectué une dizaine de mois, voire plus, après le décès du souverain, il se lit au premier degré comme la crémation du corps physique du Roi, déposé au sommet d’une tour représentant le mont Meru, dont les éléments décoratifs sont tirés de la cosmogonie bouddhique du Traibhūmi (Les Trois Mondes), l’un des textes fondateurs du bouddhisme siamois. Son ordonnancement peut s’interpréter comme le symétrique inverse de celui du couronnement, opposant par exemple le « plein » du Grand Palais où le Roi est couronné au « vide » de l’esplanade de Sanam Luang où il est brûlé. Par-delà, c’est la cité royale tout entière qui est sacralisée, via la répartition des cendres mêlées de fragments osseux du roi défunt entre les grands temples royaux et, métaphoriquement, le royaume tout entier par le rejet de celles des « fleurs de santal » dans les rivières qui le constituent.

Vanina Bouté (EHESS, CASE) – Entre poteaux rituels de fondation (lak müang) et stupa : réutilisation de marqueurs de la légitimité en RDP Lao

Plusieurs travaux se sont intéressés aux mises en scène du pouvoir politique en RDP Lao, montrant comment les plus hauts cadres du Parti unique du pays puisaient dans un ancien répertoire royal et bouddhique pour donner à voir une légitimité. On rappellera les différentes évolutions de ces marques de légitimité au cours des vingt dernières années, mettant en perspective les manifestations matérielles du pouvoir au niveau de l’État avec celles utilisées au niveau local (provinces et districts).

 10h30-10h45 Pause-café

 Elsa Clavé (Université de Hambourg, CASE) – Entre tradition et emprunts : l’esthétique de l’autorité des sultans de Sulu aux Philippines (xixe-xxie siècles)

Ma communication porte sur la stratégie utilisée par les sultans de Sulu pendant deux siècles (xixe-xxie) pour affirmer leur statut et leur autorité, de leurs costumes aux symboles utilisés. Ce faisant, l’étude met en évidence comment la tradition utilise des matériaux, des symboles et des rites anciens du sud des Philippines, tout en en incorporant d’autres qui appartiennent à la langue héraldique européenne pour étendre le vocabulaire symbolique de l’autorité et du pouvoir. La mobilisation de sources écrites et visuelles démontre comment la maison royale s’adapte à l’évolution des situations politiques locales et internationales. Les cas de comparaison des xixe et xxie siècles éclairent l’évolution des usages diplomatiques et contribuent à une meilleure compréhension de la culture politique du Sultanat de Sulu.

Florence Galmiche (Université Paris Cité, CCJ) – Esthétique monastique et réformes du bouddhisme coréen au xxe siècle

La présentation porte sur la manière dont le clergé et les institutions bouddhistes en Corée du Sud ont affirmé leur supériorité et leur distance vis-à-vis de la religion populaire, notamment de ce qui est aujourd’hui qualifié de chamanisme. Les moines en Corée avaient un statut social très bas du xve siècle à la fin du xixe siècle et de nombreux réformateurs ont cherché à redéfinir leur statut et leur autorité au xxe siècle. Il s’agira de réfléchir aux dimensions esthétiques et rituelles de ces projets de réforme du statut monastique : en particulier à l’attention accordée à l’aspect des moines (systématisation du vêtement et de nouveaux signes distinctifs comme le chapeau), à la codification rituelle de leurs interactions avec les laïcs (prosternations lorsqu’un laïc salue un moine, par exemple) et à la place donnée aux représentations visuelles d’entités classiques dans le bouddhisme coréen, mais associées à la religion populaire (Esprit de la montagne ou Pindola Bharadvaja par exemple).

Déjeuner

14h30-16h Lieux de mémoire et de pouvoir
Président de séance : François Guillemot

Arnaud Nanta (CNR, IAO) – La place du sanctuaire Yasukuni au sein du culte japonais des morts à la guerre

De 1879 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le sanctuaire Yasukuni, à Tōkyō, a couronné le dispositif japonais de commémoration des soldats tombés pour le Japon impérial. Ce sanctuaire, transformé en institution privée après la guerre, continue aujourd’hui de commémorer les morts dont il a la charge, de façon parallèle aux nouvelles cérémonies officielles mises en place en 1952. Dans cette présentation, on analysera la nature des commémorations réalisées pour ces « morts pour la patrie », ainsi que la dimension plurielle de débats qui convoquent avec insistance le passé colonial au présent. Au-delà, on tentera une réflexion plus globale sur les institutions sacrificielles mises en place au sein des États-nations au xixe siècle.

Olga Dror (Texas A&M University, Collegium de Lyon) – Monumentalisation de la modestie : l’esthétique du culte de Ho Chi Minh

La modestie de Ho Chi Minh, que ce soit dans sa vie privée ou dans sa vie d’homme d’État, a été monumentalisée au Viêt Nam par le biais de livres, de photographies, d’affiches et de films. Bien qu’à première vue l’idée de « monumentalisation » ne soit pas nécessairement compatible avec celle de « modestie », je démontrerai que les deux idées ont créé ensemble une symbiose politiquement et socialement efficace au Viêt Nam. J’aborderai la question de la paternité de cette monumentalisation, ses principales caractéristiques et les raisons qui la sous-tendent.

Commentaires et discussion – Yves Goudineau (EFEO)

Conclusion finale – Jean-Michel Roy (Collegium de Lyon)

Etudier la migration et le genre

La décision d’organiser une journée d’étude portant sur les marginalités en Asie à travers les prismes du genre et des migrations est née de la volonté de mettre en avant des contributions originales portant sur des groupes sociaux, des thématiques et des territoires qui sont souvent éclipsés dans le champ des études francophones sur l’Asie. En croisant les perspectives disciplinaires et en décloisonnant les thématiques, cette journée d’étude vise à stimuler des discussions novatrices sur les intersections entre le genre et les migrations et les méthodes à l’œuvre en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Comité scientifique

– Béatrice Jaluzot (Maîtresse de conférences HDR, ENS de Lyon/IAO)
– Hui-Yeon Kim (Maîtresse de conférences, Inalco/IFRAE)
– Isabelle Konuma (Professeure des universités, Inalco/IFRAE)

Programme

10h00 – 10h25 : Mot d’accueil et collation

Session 1 : Migration et trajectoires sociales

10h25 – 10h30 : Oumrati Mohamed (Inalco), Introduction de la session

10h30-11h00 : Cao Minh Ho (Sciences Po Paris), « Stéréotypes positifs et expériences subjectives du racisme et des discriminations des descendants d’immigrés asiatiques en milieu scolaire »

11h00-11h30 : Hyunjee Kim (Université Paris Cité), « Rôles attribués aux étudiants subsahariens en Corée : racialisation, discrimination et leurs réactions »

Pause 11h30-11h50

11H50-12h20 : Kanako Takeda (EHESS – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Le parcours professionnel des femmes migrantes japonaises en couple mixte : la double incidence migratoire et familiale »

12h20-12h50 : Discussion
Discutante : Juan Du, MCF, docteure en sociologie (Cergy Paris Université)

Pause midi

Session 2 : Identité de genre et Féminisme

14h00-14h05 : Ivanka Guillaume (Inalco), Introduction de la session

14h05-14h35 : Roberta Stratta (Univ. Lumière Lyon 2), « Femmes qui écrivent sur les femmes : la question de la représentation du célibat dans la littérature chinoise contemporaine »

14h35-15h05 : Nausica Rivière (Inalco), « Autour du rituel du mariage : réflexions sur les usages et les remises en question du rituel du mariage à Taïwan »

Pause : 15h05-15h25

15h25-15h55 : Samia Kotele (ENS de Lyon) « Réformer la normativité des mutilations génitales féminines en Indonésie : les voix plurielles des mouvements féministes entre islam, coutume et pratiques sociales (1998- à nos jours) »

15h55-16h25 : discussion
Discutante : Chiharu Chujo, MCF, docteure en études japonaises (Tokyo University of Foreign Studies)

16h25-16h30 : Mot de la fin et remerciements